Que c'est amusant de voir tous ces Tartempions à l'égo un peu lourdingue qui cherchent le selfie avec l'ami Eric Piolle. " - C'est qui le gars à coté de Tartempion ? "
Notre idée est de faire vraiment différemment, d'ouvrir l'exploration des possibles et de débattre, de débattre pour ne plus se battre.
Mais déjà les officiels aux dents longes débarquent avec leur science πPo et une certaine hypocrisie propre aux chapelles, leurs calculs électoralistes et leur censure. Le monde de demain semble bien moins les intéresser que le positionnement de leur petite personne sur l'échiquier.
C'est dommage mais l'Art de la Guerre a encore de beaux jours.
Je suis une énergumène, pourtant, j'aspire à la gentillesse et au bonheur. Je rêve un monde pur et honnête. La vie n'est peut-être qu'un passage mais rendons la joyeuse et agréable. Ne nous querellons pas pour des futilités et construisons un monde que nous aimerons. Bientôt il sera trop tard.
Juin 2021, les choses semblent s'arranger, le temps des cerises revenu. Cependant, elles n'ont pas le même gout. Le retour à un état antérieur est illusoire. Penser que les affaires vont reprendre est également une bévue.
A l'occasion de la Ruche aux projets participatifs de 2016, j'avais présenté une autoroute à vélos. Assez bizarrement, il avait été changé de catégorie au dernier moment par le personnel municipal passant de la catégorie petit projet à gros projet. Pendant la présentation, la vue ci-dessous n'a pas pu être projetée alors que tout mon argumentaire était basé sur elle. Comme on le voit sur la vidéo, j'en ai été fort dépité et passablement énervé pendant cette présentation au public.
Malgré tout cela, il ne me manquait que 3 points (sur 250) pour que le projet soit validé. Dommage !
2019 : On reparle des autoroutes à vélos : Quand en 2016, mon projet avait été retoqué je ne m'attendais plus à le ressortir des cartons. Pourtant en début d'année, Jacques Wiart, conseiller municipal en charge des déplacements, m'invitait à participer à l'élaboration d'un document diagnostiquant les conflits d’usages observés entre les cyclistes, les piétons et automobilistes dans toutes les rues de mon quartier. Avec d'autres habitants, nous avons planché pendant 5 ou 6 séances sur les différents points noirs et, naturellement, j'ai ressorti mes vieux croquis.
Je ne sais pas si mon projet, renommé chronovélo, aboutira un jour mais, j'ai été visionnaire. Je remarque qu'à l'heure où l'on fait de belles autoroutes à vélos un peu partout dans la ville, notre quartier (Aigle-Foch-Libération) est complètement délaissé.
Plus ça va, plus les piétons sont gênés par les vélos, les trottinettes et les scooters qui prennent les trottoirs pour des pistes cyclables . Face à l'immobilisme de la mairie et de la métro, j'avais tourné une vidéo début 2019 mais, depuis, c'est bien pire.
" Nous avons besoin de vivre dans des petites oasis de vie et de fraternité. Notre avenir ce sont les petites compagnies de théâtre, les petites associations, les films avec des petits budgets, les petits bistrots, les petits restaurants, les petits chapiteaux, les petits commerces, les petites entreprises, les petites maisons, les petites voitures, les petites plages, les petits bateaux, les petits ilots entre le ciel et l'eau. Tout toujours accessible à tous.
On peut très bien vouloir rester petit et avoir de très grandes ambitions. Ce sont, par exemple, les nouvelles petites structures agricoles qui vont nous permettre de nous protéger de la lente destruction de la planète que nous craignons tous. Le petit commerce au service de la qualité et non de la quantité. Il faut en finir avec les grands nombres, les grands chiffres, les grands calculs.
Nous ne sommes pas fait pour vivre comme des fourmis au service d'une seule tête grossièrement pensante. Nous sommes fait pour vivre dans des cercles restreints à taille humaine comme on dit. La fraternité vraie peut-être revigorante au sein des petits groupes.
La répartition des richesses devient une obligation absolue si nous ne voulons pas sombrer dans de nouvelles dictatures mais aussi la multiplicité des groupes, des idées, le changement continu, l'intermittence des compétences du pouvoir aux manettes.
La pandémie nous ramène à notre solitude, elle nous fait ressentir vivement le manque de l'autre, des autres et nous fait entrevoir le danger de violence et de brutalité que représente les grands rassemblements, les grandes utopies, les grandes surfaces commerciales, les grands bénéfices, les grandes fortunes, les grandes institutions où les pouvoirs doivent obligatoirement assujettir, abrutir ou exploiter pour s'imposer. "
En ces mois d'été 2020 et après la µexpo (encore visible à l'intérieur) où étaient mises en scène quelques cartes mentales et réflexions sur les liens et les interactions entre Humains, Elisabeth SÉNÉGAS m'offre la vitrine du Chimère café, 12 rue Voltaire, Grenoble, pour y exposer "... une oasis !" une toile de 115 X 75 (techniques mixtes).
Elle est la dernière de la série Collapsologie, commencée après la sidération qu'avait provoqué chez moi la fréquentation de quelques amis écologistes et économistes alternatifs, une réflexion sur l'effondrement de la société industrielle et de ce qui pourrait lui succéder.. S'il est urgent de ralentir il nous faut surtout être force de proposition et penser par quoi remplacer le système néolibéral.
Depuis le déconfinement, qui n'a pas tenu ses promesses, une grande crise ne fait plus aucun doute. Je cherche cependant à rester optimiste, explorant d'abord la piste du surrvivalisme, puis celle du "localisme et du communalisme" où la survie ne serait pas individuelle mais communautaire. A l'échelle d'une ville, les spécificités et les talents de chacun deviendraient la ressource de tous.
Aujourd'hui, il n'y a guère qu'au niveau local que peut commencer une mutation sociétale. Attendre que la nomenclature étatique légifère et règle tous les problèmes par ses systèmes administratifs complexes, inefficaces et lents n'est plus possible. L'idée de production collective de confiance, en limitant au maximum les intermédiaires, à la manière d'une bockchain couplée à une monnaie locale, peut devenir un modèle coopératif adaptable aux fonctionnement urbain. Avec une entraide de qualité, le peuple n'aura pas à prendre le pouvoir, le peuple sera le pouvoir.
En ces périodes troubles, il pourrait ainsi subsister des îlots, des oasis de fraternité (notion chère à notre parrain Edgar Morin).
« Les portes de la ville resteront ouvertes pendant toute la journée; et même, elles ne seront jamais fermées, car là il n'y aura plus de nuit. On y apportera la splendeur et la richesse des nations. Mais rien d'impur n'entrera dans cette ville, ni personne qui se livre à des pratiques abominables et au mensonge ... À la fin de l'histoire des hommes, la ville parfaite, contiendra parfaitement tout ce que l'homme attend lorsqu'il désire la ville : sécurité, survivance, vivre ensemble… ».
Apocalypse 21.
« Des villes et des villages renaît l'espérance. Les temps qui viennent seront rudes. Homoeconomicus a vécu. Sur les ruines des dogmes, notre chemin sera de cultiver notre courage. Et nous puiserons dans nos poèmes la force de rendre envisageable ce qui n'a pas encore de nom. ».
Eric PIOLLE (Grenoble - 2020).
« Plus les libertés s'accroissent, plus les contraintes qui imposent l'ordre diminuent, plus s'accroissent les désordres inséparables des libertés, plus s'accroît la complexité sociale. Mais l'extrême désordre devient destructeur et la complexité se dégrade en désintégration. La seule chose qui puisse protéger la liberté, à la fois de l'ordre qui impose et du désordre qui désintègre, est la présence constante dans l'esprit de ses membres de leur appartenance solidaire à une communauté et de se sentir responsable à l'égard de cette communauté. Ainsi donc l'éthique personnelle de responsabilité/solidarité des individus est aussi une éthique sociale qui entretient et développe une société de liberté. Cette éthique contribuerait à la réhumanisation de la société ainsi qu'à la régénération du civisme, lequel est indissociable de la régénération démocratique ».
Un égrégore (ou eggrégore) est, dans l'ésotérisme, un concept désignant un esprit de groupe influencé par les désirs communs de plusieurs individus unis dans un but bien défini. Cette force aurait besoin d'être constamment alimentée par ses membres au travers de rituels établis et définis.
Quand un seul individu fait la même chose, on dit qu'il délire.
En sciences sociales, une interaction fait référence à toutes les actions réciproques entre deux ou plusieurs individus au cours desquelles des informations sont partagées. L'interaction est dite sociale car non seulement elle produira du sens, mais aussi parce qu'elle s'inscrit dans un contexte qui influence les actions de chacun.
Si vous parlez à Dieu, vous êtes croyant... S'il vous répond, vous êtes schizophrène. Quand un groupe de personnes élabore une pensée chimérique, il se peut qu'ils créent une religion, quand un seul individu fait la même chose, on dit qu'il est fou.
Le grand chaos qui nous entoure ne fait plus le doux bruit de la mer mais celui d'un tsunami. La simplicité d'une époque s'oppose à cette complexité incontrôlable qui, aujourd'hui, semble rendre toute chose impossible. Point de non retour ? Pour ne pas accepter la fatalité. Juste s’asseoir pour boire un café à la Chimère ... même si c'est pour la dernière fois.
Le tiers-espace pose le redoutable problème de l’identification et de la quantification, de sorte que l'on puisse dépasser le diagnostic un peu rapide du lieu physique (ou virtuel) de la rencontres entre personnes et des compétences variées qui n'ont pas forcément vocation à se croiser.
L'oeuvre serait alors de ne rien produire d'autre que du lien. Face à cette perspective un peu péjorative, j'ai préféré laisser une trace quasi insignifiante (mais évolutive) dans ce lieu. J'ai appelé ça la µexpo ... J'espère qu'elle vous plaira.
La généalogie de l'art urbain est multiple et complexe, car il puise ses origines dans des disciplines graphiques aussi variées que la bande dessinée ou l'affiche.
L’essence de l'art urbain contemporain se retrouve tant dans les œuvres des affichistes d'après-guerre comme Raymond Savignac, en France, que dans celles des dessinateurs de la contre-culture américaine tels Robert Crumb ou Vaughn Bodé, tous deux figures de proue du Comics Underground depuis les années 1960. La prise en compte de l'environnement urbain et social dans la création contemporaine voit aussi des expérimentations d'intégration de l'art dans la ville.
En 1967, le symposium international de sculpture de Grenoble, dans le cadre du programme de préparation des Jeux olympiques d’hiver, marque le premier retour des artistes sur la scène urbaine depuis la deuxième guerre mondiale. La municipalité de la ville souhaitait associer des plasticiens dès la conception de La Villeneuve.
Si Jean Dewasne (maîtres de l'abstraction constructive) est initialement contacté, la décoration sera finalement confiée à l’architecte franco-italien Henri Ciriani et au chilien Borja Huidobro, membres de l'Atelier d'urbanisme et d'architecture (AUA), fondé en 1959 par l’urbaniste Jacques Allégret et qui se caractérise par ses penchants collectivistes et sa vocation collaborative.
C'est dans le quartier des Baladins que K. Schultze avec ses géants réussira le mieux l'articulation entre la sculpture, l’architecture et l’urbanisme.
D'autres expériences sont imaginées dans des villes nouvelles, comme Évry, en 1972, ou Marne-la-Vallée.
Pendant la période « Pompidou », un malaise existentiel, social, sexuel et politique généré par cette « Nouvelle société » et la consommation effrénée, produit, dès 1968, en une sorte de réponse européenne au Pop-Art américain, le mouvement de la « figuration narrative ».
En 1975, le collectif parisien des Malassis réalise une grande fresque sur les murs du nouveau centre commercial de Grand'Place. Ils proposent une variation en 11 panneaux, inspirés par « Le Radeau de la Méduse » de Géricault. En ce haut lieu marchand, les auteurs expliquaient : « Ce Radeau de la Méduse, c'est le naufrage de notre société de consommation ». Une allégorie du naufrage dans les frites congelées, de l'exotisme des agences de voyage et des conserves usagées. Le summum de la perversion des fonctions digestives de l'art récupérée par une société moderne.
A l'époque, l'œuvre provoqua un intense débat dans la presse mais fut pourtant recouverte, en 2000, dans la plus grande indifférence.
En 1979, Ernest Pignon-Ernest, considéré, par beaucoup, comme l'un des précurseurs de l'art urbain en France, réalisa une fresque à la bourse du travail. Située entre la galerie de L'Arlequin et Grand'Place, cette fresque est encore visible et a été récemment restaurée (2016).
Autonome et parallèle, l'Art urbain a pour initiateurs Zlotykamien, Daniel Buren, Ernest Pignon-Ernest en France, ou Roger Somville en Belgique. S'il commence à s'épanouir en France à partir de 68, il n'est officialisé qu'au début des années 80 sous l'influence, entre autre, d'Agnès B. et de Jack Lang, ministre de la Culture.
Grenoble, parce que son maire RPR, Alain Carignon, y fit régner « une certaine idée de l’ordre et de la rigueur », de 1983 à 1995, fut, par réaction, l’une des villes françaises les plus remarquables en matière d’Art subversif.
BERRIAT 83: Christine Breton, qui à l’époque était conservatrice du Musée de Grenoble, préparait une exposition qui ne se déroulait pas dans le musée, mais dans un des quartiers de la ville: Berriat. A l’époque, c’était tout à fait nouveau. Le catalogue était une bande photographique, qui permettait de suivre un parcours via des photos et d’avoir toujours en regard ce que l’on pouvait voir à cet endroit là. C’est donc un rouleau de 30 centimètres de haut qui a été imprimé en sérigraphie, en noir et blanc, et roulé pour retrouver l’esprit des cheminées du quartier. Ce projet a fait scandale. A l’époque, Alain Carignon qui venait d’être élu maire de la ville, considérait que c’était jeter l’argent public par la fenêtre et a fortement critiqué la conservatrice.
En ce début des années 80, Grenoble comptait quelques graffiteurs et une toute nouvelle école d’art, rue Lesdiguière. Mix du graffiti et de la « figuration libre », un mouvement grenoblois était sur le point d’éclore.
L’exposition collective Berriat 83 a bien failli être annulée alors que le catalogue référençait pas mal des nombreux artistes qui, à l’époque, vivaient et travaillaient dans la ville.
Les musées et surtout l’école des Beaux-arts ont posé de réels problèmes à la municipalité Carignon, comme l’occupation de l’école par les élèves dès la rentrée 1983/84.
Dans cette période, un fort mouvement contestataire visant à modifier le système en place par l’illustration de ses défauts et par la promotion de valeurs différentes (voire antagonistes) vit le jour à Grenoble.
1984 – avec Adeline (ADN), ma copine du moment, nous présentions une performance intitulée DEUS IRAE à l’école supérieure d’Arts de Grenoble où j’étais étudiant en troisième année.
Dans un espace sonore assez violent et bruitiste, les spectateurs se tenaient autour d’une grande bande de papier blanc. A un bout, un statuaire noir assez destroy représentait une sorte de machine déglinguée. Juste devant, un bloc de béton, noir aussi, était frappé d’une croix inclinée en X et d’une flèche en forme d’éclair.
Habillé de manière très straight, façon dandy hi-tech, et après quelques gesticulations et poses rituelles dans l’espace cadencé par des raies de lumière issues de diapositives.
Je commençai, alors, à me percer une veine de la main avec un cathéter et me déplaçai ensuite sur le ruban de papier où goutait mon sang en un clip-clap perceptible par le public (la bande son ayant été arrêtée).
A la reprise du vacarmes des hautparleurs, je projetai de l’essence sur le papier ainsi maculé des petites taches rouges de mes goutes de sang et enflammai le liquide. La fumée envahit la salle de l’école. Une partie du public en sortit en toussant. Une autre, j’imagine à cause d’un effet de sidération, attendait la suite. (Avec mon amie, nous portions alors chacun un masque à gaz).
Là, il se produisit une chose inattendue:
Les gouttes de sang coagulées par les flammes avaient créé de petites hosties brunes. Je les ramassais et les distribuai alors aux spectateurs encore présents en leur disant :
« Prenez, mangez et buvez-en tous :
Ceci est mon corps et mon sang livrés pour vous ! »
Les propositions d’alternatives au système municipal s’exprimait, la plupart du temps, dans la rue, la nuit, sous forme de graffitis.
Jeune artiste, j’eus cependant, l’outrecuidance d’organiser un happening intitulé « La femme sous cellophane » avec la complicité de quelques employés municipaux résistants, et celle de Cécile (Hiro), modèle vivant aux Beaux-Arts., (Cécile, alias Hiro).
Dans la vitrine de la Bibliothéque du centre-ville, elle se débâterait nue sous un film de cellophane dans l’éclairage toxique et désinformant de quelques téléviseurs, tel un pantin, aux prises avec son environnement.Elle était là depuis longtemps déjà.
Elle regardait son corps nu sous la cellophane.
Rien ne bougeait.
Seul le cordon nutritionnel semblait émettre de vagues vibrations.
Qu’y avait-il à l’autre bout ?
Sans doute rien autre que le délire d’un créateur satanique. Par intermédiaire des téléviseurs dérèglés, elle pouvait s’inventer des repaires dans le temps rien ne lui permettait de vérifier l’exactitude temporelle des parasites. Parfois des images apparaissaient sur I ’un des écrans, lui donnant ainsi une vision éphémère du monde qui l’entourait. Bien sûre, elle ne pouvait pas toujours discerner la fiction de la réalité. II lui semblait pourtant que l’image qu’elle se faisait de l’extérieur n’était guère différente de ce qu’il était vraiment. Il lui arrivait de rêver d tune vie normale : elle et les siens, tous en rond devant la télévision. Mais cela lui était interdit. L’asepsie dans laquelle elle vivait la poussait dans d’effroyables crises de dépression.
Rien ne peut naitre de l’ordre, seule la contusion est matrice de l’action.
La seule manifestation anarchique était celle due aux rayonnements bleutés qui émanaient des téléviseurs déréglés. Etaient-ils déréglés ?
Il lui semblait souvent que quelqu’un en avait le contrôle. Quelqu’un qui supervisait les images cherchant ainsi à l’intoxiquer et à l’éloigner de la Vérité.
Peut-être n’était-elle pas la seule. Peut-être y avait-il d’autres personnes subissant, comme elle, le lavage de cerveau collectif. D’autres … des millions d’autres. - phase3
Si les luttes ont leurs héros, elles ont aussi leurs martyrs : La performance fut largement censurée et tronquée.. Hiro se vit imposer le port d’une combinaison moulante de couleur verte. Les téléviseurs diffusant des images assez embarrassantes pour la mairie, furent, purement et simplement, retirées au dernier moment par la police. Quant à moi, c’est bien plus tard, que je pris connaissance du compte rendu de l’évènement qu’en avait très vaguement fait le journal local.
Issu de la société « d’individualisme de masse », au sens où la décrit Pierre Gascar, le Graffiti était né de la volonté d’expression d’une génération pour laquelle se rendre visible au plus grand nombre, laisser sa signature visuelle quitte à s’affranchir des lois et des règles communes, c’était exister. C’était à cette époque une manière alternative de faire société.
2022 – Le Street-Art festival avec ses nacelles élévatrices et ses balisages policiers de nos lieux de vie pour permettre à des artistes américains de s’exprimer remplit -il encore ce rôle ?
« Le nouveau Banksy sera-t-il dans ce festival où en train d’être pourchassé par la police ? »
Ce jeune designer-Bidouilleur venait y présenter son livreHACKER CITIZEN, sorte de catalogue de petites bêtises urbaines (et assez gentilles) qu'il présente sous forme de fiches pratiques façon recettes de cuisine ou fiches-bricolage. Un régale !
J'ai eu tellement de périodes de solitudes et de doutes dans ma vie psychique, qu'il n'y a pas à dire, vous m'avez tous bien réchauffé l'âme, le soir du vernissage.
Merci à vous !
Si Judith n'avait pas toujours été là pour me soutenir (et m'engueuler parfois aussi) je ne pourrais pas écrire ces quelques lignes aujourd'hui.Pourquoi ? Parce que j'aurais, à coup sûr, réussi à appliquer ce cher principe l'éphémérité à ma propre existence. Merci à elle. D'autres n'ont pas eu ma chance, merci à eux, aussi.
Merci également à Mohamed Aouine pour son article le 8 octobre dans le Dauphiné Libéré.
" La plupart des jeunes rois auront la tête coupée. " Jean-Michel Basquiat
En 1991, je tentais de reprendre mes études à l'école des Beaux-Arts de Grenoble. J'ai eu la chance d'y rencontrer ce grand mec rigolo et dynamique. Je crois me rappeler qu'il suivait plus où moins les cours en 5ème année, alors que je tentais de valider un premier cycle que j'avais dû abandonner en 1985 pour cause d' hospitalisation. Je ne suivais que très peu les cours. J'étais plus occuper à peindre dans une des salles de l'école que j'avais assez sauvagement investie. Les autres élèves se plaignaient de ma présence et du raffut que je faisais. Je produisais, avec rage, quelques toiles.
Depuis, elles ont dû être détruites :
Parmi les rares personnes qui appréciaient mon travail, il y avait ce black costaud grand fan de peinture new-yorkaise avec qui j'aimais discuter peinture et écouter de la musique. Il était très enthousiaste vis à vis de mon travail. Un soir, il m'a donné 2 feuilles sur lesquelles, d'une écriture, belle mais raturée, était calligraphié le texte suivant :
« Un jour que je faisais le tour des salles de l’école des Beaux-arts de Grenoble, je fus saisi par le travail de Pierre-Louis, alias phase III. L'intéressant, dans cet espace est l'impression que tout fait partie de son œuvre. Je trouve une certaine rythmique du corps, une simplicité qui est traduite en « body language » par lui. Rappeur d’aujourd’hui, phase3 est un tagueur, un vrai. Son travail est de l’ordre de la performance. Il fait du direct, du live, de l’ordre du Straight Language. phase3 invite le spectateur à la danse, au mime dans l’espace, avec une certaine dose d’humour. L’humour qu’a l'ego triomphant, comme dans l’œuvre de Jean-Michel Basquiat. Dans son travail réside une certaine pureté, modestie. C’est peut-être là qu’est la force intérieure de son corps blanc ouvert ».
Excuser du peu, de la prétention du peu ! Ce soir là, pour le remercier, je l'invitai à boire un verre ou deux dans un bistro proche de l'école. Comme à l'époque, j'avais pu emprunter le caméscope de papa, il en subsiste cette vidéo :
Oui, la Plupart des jeunes Rois auront la Tête Coupée.
Peu de temps après, n'arrivant pas à me décrocher des psychiatres auxquels mes chers parents m'avaient confié, je suis retombé malade tandis que Pacôme, lui, montait à Paris.
La crainte d'être expulsé l'a contraint à peindre dans la rue, l'alcool aussi. Il est devenu SDF en 1998.
Exténué et dépossédé de son œuvre, il est mort le 16 octobre 2003, à 38 ans, en phase terminale d'un cancer généralisé. Sa côte flambait alors sur le marché de l'art.
Quand, plus tard, j'ai appris son décès, j'ai collé les 2 feuilles du texte qu'il m'avait donné sur des feuilles format raisin goudronnées puis je les ai massacrées.
Visible actuellement à l'exposition de l'ATYPIK? 10 place Edmond Arnaud à Grenoble
R.I.P. man !
Voici quelques unes des dernières œuvres de Pacôme :
En 2010, à l’occasion de la rétrospective Basquiat, au Musée d'Art Moderne de la ville de Paris, Bruno Bischofberger, marchand, galeriste, et collectionneur racontait la rencontre entre Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol >>
Beaucoup éjaculent dans leur slip en se croyant révolutionnaires,
Street Artistes ou acteurs-citoyens(je ne supporte plus ce mot qui n'a plus aucun sens). Touss'imaginent indispensables au changement de paradigme.
Actuellement, ici à Grenoble, comme ailleurs, j'imagine, il y a toute une bande de jeunes branleurs, casquette visée sur la calvitie précoce, au spray existentialiste et dégoulinant; Tout un tas de chanteurs néo-réaliste cul cul, qui parce qu’ils n'ont pas grand chose à dire, se font voler la vedette en 2 temps 3 mouvements par n'importe quel cycliste duNOTAVpourtant épuisé par plus de 150 kilomètres de routes transalpines à vélo :
La question n'est finalement pas de savoir si le Street-Art est une mode ou pas, tout mouvement pictural finissant par être récupéré. La question porte plutôt sur sa pertinence:
Dans une urbanité où la co-construction et les associations se veulent règles d'or, je reconnais que voir les murs salopés de peinture mal appliquée m'est douloureux.
L'urgence du graffiti est-elle toujours là ?
Pignon Ernest
L'égotisme obsolète ? Les nacelles élévatrices et les balisages policiers de nos lieux de vie pour permettre de telles gouniaferies ont-elles lieu d'être ?
L' histoire, réécrite par les marchants, ne dira jamais que dès 1982, le pseudonyme phase3 était déjà sur les murs de Grenoble et que, par ce cher principe d'éphémérité, aujourd'hui, il n'en reste plus une trace. Depuis 1984 et mes déboires avec la Mairie de la ville, je me tiens à carreau, militant dans la discrétion du black net et dans l'anonymat (presque) absolu, pour ce que je crois juste :
Les sous-Banksy sont aujourd'hui légions:
GOIN
Le numérique, internet et le hacking nous donnent aujourd'hui des moyens bien plus efficaces de court-circuiter les médias habituels, journalistes, critiques, médiateurs, curateurs, et autres galeristes.
Le Street art, lui, fait exactement le contraire et se rue vers le système commercial, les galeries, les musées et les honneurs les plus divers.
En tant que pionnier, j'ai tellement pris de baffes dans la gueule, par la critique immature et sclérosée dans la "tendance" d'une époque et, aussi, par mes pairs, qu'aujourd'hui je reste méfiant, assez peu enclin à communiquer et à me vendre. L'idée de participer à un quelconque festival ou qu'une seule de mes œuvres puisse être récupérée est d'ailleurs devenue une hantise. J'ai vu nombres de mes idées s'imposer ou spoliées sans jamais aucune référence à mon travail. Une mise à l'index qui vient plus de ma naïveté que d'une réelle intransigeance. A l'époque, je n'étais qu'un petit con prétentieux. La vie m'a dressé, et bien dressé. Je suis toujours aussi con mais, maintenant, je suis vieux.
>Pendant de longues périodes d'incapacité à la création, je me questionnais sur l’intérêt de la peinture. Je me demandais qu'elle devait en être son message. Les neuroleptiques inhibaient ma sensibilité et m'interdisaient toute production. Je reconnais, aussi, avoir nourri pas mal de rancœurs et de frustrations.
Même si je sais que l'évolution de l'espèce entière prime sur celle de la personne, je remarque qu'ils sont légions les cloportes engraissés par le travail des autres. Le marketing vampirise les plus honnêtes travaux de recherche et même la pensée de ceux qui sont les seuls vrais créateurs.
« Il faut mettre la société au service de l'école et non pas l’école au service de la société » disait Bachelard. Pourtant, aujourd'hui, l’école nuit au développement personnel des enfants. Elle contribue, de plus en plus tôt, à une mise en phase avec un modèle unique, vise l’optimisation de la performance et laisse de moins en moins de place pour la réflexion, la différence, le sentiment et l'expression.
Juddu Krishnamurti
Formater les enfants pour en faire de bons conso-acteurs et appeler cela l’ « intégration sociale » est une escroquerie. Le moule scolaire interdit toute dérive idéologique autre que celle qui prône l’ultralibéralisme à tout crin et la consommation de masse.
L'Histoire, la Philosophie, les Arts ou la Littérature ne seront bientôt plus dispensés dans les écoles car ces matières peuvent éveiller la curiosité des plus jeunes et risqueraient, par la suite, d'en faire de vilains réfractaires.
La différence, cette source d'inspiration et de créativité, pourtant tellement vitale pour changer ce monde en pleine déliquescence, n'est plus admise.
Les restrictions imposées aux enfants font parfois penser que l'autisme serait une réponse presque reptilienne du tout petit face à l'agression sauvage dont il est victime. Avec son classique repli vers un monde personnel meilleur, l'autisme serait, alors, le premier refuge de la conscience naissante.
Accepter ou pas un monde qui place l'argent, le pouvoir et la violence comme les plus belles des valeurs est une option de vie que l'on devrait pouvoir mûrir librement. Ce choix est pourtant interdit et est même répréhensible. Les programmes de l'Education Nationale sont obligatoires jusqu'à l'âge de 16 ans . Ne pas y adhérer est un pari dangereux où le jeune adulte insoumis risque de se voir renvoyé sur le banc de touches de manière violente et rapide.
La loi et la justice protègent la société contre ceux qui ne se conforment pas aux règles imposées par les plus puissants. La sanction la plus courante demeure l'emprisonnement mais, de tout l’arsenal juridique, les soins psychiatriques sans consentement et plus particulièrement l’hospitalisation d’office (appelée aujourd’hui « soins psychiatriques sur décision d'un représentant de l'état ») sont les plus abjects. Sous prétexte d'une déviance, ils répondent, à l’avance, et souvent arbitrairement, à une éventuelle mise en danger du système par ceux qui pourtant le constitue et pourraient même le faire évoluer demain.
« Sur le fondement d'un certificat médical circonstancié émanant d'un psychiatre, le préfet prononce par arrêté l'admission en soins psychiatriques d'une personne dont les troubles mentaux nécessitent des soins, compromettent la sûreté des personnes ou portent gravement atteinte à l'ordre public », ainsi, sans qu’aucun reproche ne puisse lui être fait, hormis celui de ne pas penser « comme il faut », les psychiatres, souvent avec l’aide de la police, se chargent du sale boulot et de la « reconduite dans le droit chemin » et de faire ré adhérer le déviant au modèle. La psychiatrie est le bras séculier des lobbies et des politicards. Elle incarcère et reprogramme les plus rebelles d'entre nous sous prétexte, qu’un jour, ils pourraient être dangereux.
Quand le dispositif psychiatrique se referme, nous comprenons que nous venons de nous faire prendre et que notre vie sera différente de celle que nous projetions.
Notre destin sera bouleversé.
Plus nous nous agiterons, plus nous protesterons, plus nous tenterons de nous justifier, plus violente sera notre souffrance. De la contention aux neuroleptiques, l’arsenal barbare de la psychiatrie est vaste et puissant.
Les plus rétifs, mutilés par l'ablation d'un bout du cerveau, seront définitivement transformés en de dociles légumes. Malgré toutes les croyances, la lobotomie est toujours pratiquée. La recommandation 1235 de 1994, relative à la psychiatrie et aux droits de l’homme (Assemblée parlementaire du conseil de l’Europe) l'évoque et stipule d'ailleurs qu’elle, et la thérapie par électrochocs, peuvent être pratiquées « si le consentement éclairé a été donné par écrit par le patient lui-même ou par une personne choisie par le patient pour le représenter, un conseiller ou un curateur et si la décision a été confirmée par un comité restreint non composé uniquement d'experts psychiatriques ».
Il faut quelques fractions de secondes, et un verre d’eau, ou le temps d'une injection, pour commencer un traitement par neuroleptiques mais, après, il sera pratiquement impossible de l'arrêter.
La rechute inévitable qu’entraînerait l'arrêt du traitement est l'une des nombreuses épées de Damoclès brandies par le personnel des hôpitaux psychiatriques. L'est aussi celui de l'instauration d’un état de pathologie chronique. Ainsi effrayé, le patient ne pourra qu'adhérer au programme de soins. Comme révélée, il y déjà longtemps, par Henri LABORIT ou Stanley MILGRAM, parler de « neuro-plasticité provoquée » pour créer la soumission n’est pas aberrant.
La perte de confiance en soi provoquée par l'autoritarisme abusif des personnels de santé trouve ses fondements dans la peur, la menace et l’infantilisation avec tout un contingent de phrases et de gestes qui seraient presque anodins dans un autre contexte.
La chambre d'isolement est une brimade courante.
La contention fait qu'à cause du manque de personnel, le patient peut se retrouver sanglé sur un lit pendant plusieurs semaines. On lui mettra une couche culotte et on lui injectera un produit anticoagulant chaque jour.
La description d'un futur, de toute façon pourri, peut aussi conduire certains patients au suicide. Les psychiatres, bien sûr, diront, alors, que c'est à cause de la dépression liée à la maladie.
Le lien social n'existe plus. Les rapports sont de plus en plus superficiels et les contraintes de plus en plus fortes. C'est bien pire dans les institutions. Il y a tellement de misère humaine et de maltraitance dans les hôpitaux psychiatriques que peu arriveront a y supporter un séjour. Le dictât des autorités est tellement illégitime qu'il ne peut être qu'abusif.
Soit tu adhères à cette société, soit, comme tu ne peux la quitter, la psychiatrie t’en éliminera, sans aucune concession ni le moindre regret ».
Le sentiment de révolte personnelle face au système peut conduire à se retrouver seul contre tous. Il engendre la partie punk du ZenPunk. Cette "distorsion mentale" et la mise en danger permanente qui en découle, sont pourtant les fondements de toute démarche artistique. Le prétexte de la création artistique reste un refuge pour éviter les représailles de la part d'une société définitivement agressive et malade. Les limites entre Art et folie sont ténues, parfois à peine perceptibles, mais toujours violentes.
Le mardi 20 septembre 2016, presque tous ceux que je connais et qui ont encore un questionnement sur nos fondamentaux étaient présents à l'expo.
Pedro et Manu ont assuré la partie musicale de l'exposition.