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11 mars 2023

12 ans - Joyeux Fukuchimanniversaire


Travailler dans les centrales nucléaires est une expérience unique. Dans les centres de production nucléaire la vie d'un homme n'a pas beaucoup de valeur si on la compare au prix de l'énergie. Le monstre de béton et de ferraille réduit, ici, le travailleur à une fonction de " chair à neutrons ". Il ne lui est plus demandé de bien faire son boulot mais de le faire vite. La production est prioritaire. Ne pas le comprendre peut amener à faire n'importe quoi, le comprendre amène au burn-out mais quand il s'agit de faire fonctionner la machine, cela n'a aucune importance.

    

Le mieux est surement de fermer sa gueule, >> oui mais << ... !

6 février 2022

Radioleptiques neuroactifs

Article poétique croisé avec SCHIZOLOGIE 

Les neuroleptiques sont des traitements aux effets primaires et secondaires lourds. Ils handicapent fortement les personnes qui en prennent tant au niveau psychique que somatique, cela sans aucune promesse de guérison de la psychose puisque le traitement est purement symptomatique. Les neuroleptiques favorisent la prise de poids. et détériore l’image de soi pouvant entrainer ou aggraver les symptômes négatifs tels que la dépression. Les personnes qui prennent des neuroleptiques subissent un retrait social plus prononcé que ceux qui n'en prennent pas ou plus.



Les facteurs qui influencent le plus les processus de vieillissement dans un environnement radioactif sont l’irradiation nucléaire, les contrain­tes thermiques ou mécaniques, les processus corrosifs, abrasifs et érosifs, ainsi que les combinaisons et les interac­tions des processus.

Les premiers effets des processus de vieillissement sont difficiles à déceler, car ils touchent habituellement le niveau microscopique de la structure moléculaire.

12 décembre 2021

Le plus lourd fardeau, c’est d’exister sans vivre.

J'ai passé plus ou moins 36 ans de ma vie à prendre des tonnes d'antipsychotiques, des régulateurs de l'humeur ou des anxiolytiques (où le mot médicament correspondait à sa version anglaise : Drugs) dont 30 à travailler dans le domaine de l'énergie nucléaire sans aucune reconnaissance de travailleur handicapé.
 Une question se pose alors : " Comment un schizophrène peut-il être lié et intégré au secret défense ? "

Travailler dans les centrales nucléaires est une expérience unique. Dans les CPN, la vie d’un homme n’a pas beaucoup de valeur si on la compare au prix de l’énergie. Le monstre de béton et de ferraille réduit, ici, le travailleur à une fonction de « chair à neutrons »  Aujourd'hui, il ne lui est plus demandé de bien faire son boulot mais de le faire vite. La production est prioritaire. Ne pas le comprendre peut amener à faire n’importe quoi, et le comprendre amène au burn-out. Mais quand il s’agit de faire fonctionner la machine, cela n’a aucune importance.


Responsable d'intervention pour la société Merlin-Gerin (devenue plus tard Schneider-Electric puis Rolls-Royce Civil Nuclear), j'ai vécu trois années à un rythme effréné, loin de chez moi et dans le milieu anxiogène, grandiose et hostile des réacteurs. Même si c’est illégal, je n’ai pas eu un jour de repos pendant cette période. Parcourant la France dans tous les sens avec ma petite voiture (une Renault 5 diesel), j’intervenais rapidement et le plus efficacement possible avec ou sans mes gars, larbins sous-traitants d'EDF que nous étions. Cumulant les kilomètres mais heureusement pour moi et contrairement à d'autres pas les doses de radiations. Je garde quand même un souvenir ému de cette période qui pourtant à failli s'achever de manière tragique.

C'était à Saint-Laurent-Des-Eaux, juste avant la Saint Sylvestre et le passage en 1990. Je me rappelle de cet épisode de ma vie comme si c'était hier. De l'arrestation ce matin de brouillard par les policiers qu'avait mandatés le préfet du Loiret, des mensonges me concernant qu'avaient extorqués ensuite les flics à ma copine de l'époque, Dominique,  et, pour finir, de la rudesse de la chambre d'isolement. 

Après un épisode en hôpital psychiatrique à la demande du préfet du Loiret (Hospitalisation sous contrainte),  j'ai essayé de reprendre mon métier de responsable d'interventions dans les centrales nucléaires mais, à cause des médicaments, je n'y suis pas arrivé.

Les années suivantes,  j'ai été reclassé dans des taches de moindre importance comme la réparation des sous-ensembles électroniques, leur contrôle et leur validation par l'application de différentes procédures de tests et d'essais. Les collègues étaient sympas et assez solidaires face à notre malveillante et mesquine hiérarchie. Notre n+1 était lui un petit roquet teigneux. Il y a d'ailleurs eu plusieurs suicides dans le service. 

Personnellement, de 1990 à 2007, répondant au doux surnom de " Malade mental ", j'ai dû subir encore plus que les autres, ce chef de service malveillant. Aidé par les RH, il cherchait à tous prix à me pousser à la faute pour me faire licencier en m'humiliant le plus possible.

Je le revois, par exemple, m'invectivant parce qu'il me fallait boire beaucoup d'eau à cause de mon traitement par sels de lithium. Il faut quand même dire que les locaux de notre antenne annexe à Poisat n'était pas climatisés et que l'été nous y relevions souvent des températures supérieures à 30°C.
    
Mais j'ai tenu, sans statut de handicap, en cachant les choses ou en les racontant à ma sauce, j'ai résisté. Ma femme m'a aussi énormément aidé. 

Quand ce chef de service nabot et tortionnaire est enfin parti à la retraite, son remplaçant  m'a donné une chance en me nommant contrôleur technique

Cette fonction était intéressante car par ma maitrise des différents équipements électroniques, parfois complexes et de leurs fonctions dans les réacteurs nucléaires, je prenais un rôle important en ce qui concerne la sureté et la pérennité de l'instrumentation des installations nucléaire  françaises et de quelques unes à l'export. 

Je sortais à nouveau de l'ombre mais pas non plus vraiment prêt à faire  des concessions vis à vis des failles du système ni a être le simple "cocheur de cases" nécessaire pour la validations d'un travail parfois douteux ou carrément non effectué. Même de mieux en mieux payé, je n'étais pas prêt à être au service du lobby nucléaire et de ses magouilles. Je refusais le rôle d'éventuel fusible que ma hiérarchie tentait peu à peu de me faire tenir quand je devait signer des suivis d'opérations plus que douteux. Pas question dans mon éthique d'être un signataire bidon de plus sur un plan qualité de complaisance. D'être un pantin sans foi ni loi comme le sont beaucoup d'arrivistes de cette filière.

Alors sont venus les interrogations et les scrupules - un autre conflit de loyauté - vis à vis de moi-même (de mon métier) et des générations futures (mes valeurs). Une autre " schizophrénie ".
 
Début 2015, il y avait longtemps que je ne trouvais plus de motivation pour aller travailler tous les matins et ce fut de pire en pire. Les dernières années de boulot, tellement il était devenu ennuyeux et monotone, furent extrêmement douloureuses pour, au final, déboucher sur un ultime burn-out. décompensatoire.

Début 2017, me voyant incapable de reprendre mon job, mon toujours psychiatre Philippe Séchier, me proposa un statut d'invalidité. Comme la pension représentait la moitié de mon salaire et qu'elle était complétée par une rente (assurance) j'ai  accepté (LOL !).

Sans avoir le souci du travail, une nouvelle vie commence pour moi et si la " psychose atomique " réémergeait je me soignerai. Je suis armé pour maintenant.

8 avril 2021

Plus petit qu'un quark

" On jalouse parfois le savant qui s’étonne de la diversité du monde. Pour ma part, tantôt j’admire aussi le quark et le pulsar, tout ce qui les relie et qui les environne, tantôt cette splendeur me semble monotone voire obsédante à la façon d’un cauchemar " Jacques Réda


        Mon ami Jean-Louis BASDEVANT (ici sur France Culture avec Jacques Réda) vient de m'envoyer son maintenant rare " 12 leçons de mécaniques quantiques " amicalement dédicacé. 
Merci à lui pour sa patience quand il m'initie à sa démarche scientifique et pour tout le reste aussi :

- A Pierre-Louis Goirand, merveilleux artiste et ami. En espérant que ces lignes, qui ont plu à beaucoup de mes élèves, seront assimilables. Avec toute mon amitié - Jean-Louis Basdevant.

- Quand j'ai lu votre dédicace hier matin dans l'ascenseur, j'étais très "é µ". Les ascenseurs sont les lieux de solitude idéaux quand on se " plank " et que les larmes arrivent. J'ai la chance d'habiter au dernier étage avant la dizaine. L"A-censeur" est vieux, lent, mais fiable. "



11 mars 2021

Fukushima blues

The 10-years Anniversary



Travailler dans les centrales nucléaires est une expérience unique. Dans les centres de production nucléaire la vie d'un homme n'a pas beaucoup de valeur si on la compare au prix de l'énergie. Le monstre de béton et de ferraille réduit, ici, le travailleur à une fonction de " chair à neutrons ". Il ne lui est plus demandé de bien faire son boulot mais de le faire vite. La production est prioritaire. Ne pas le comprendre peut amener à faire n'importe quoi, le comprendre amène au burn-out mais quand il s'agit de faire fonctionner la machine, cela n'a aucune importance.

Dans cette vidéo, j'évoque à nouveau le stress qui a été le mien pendant les 3 ans consécutifs et où j'ai été responsable d'interventions pour la société Merlin-Gerin (devenue Schneider-Electric puis Rolls-Royce Civil Nuclear). Trois années à un rythme effréné, loin de chez moi et dans un milieu très anxiogène.
Même si c'est illégal, je n'ai pas eu un jour de repos pendant cette période, parcourant la France dans tous les sens avec ma petite voiture, j'intervenais rapidement et le plus efficacement possible avec ou sans mes gars. 
Je garde un souvenir ému de cette période qui pourtant s'est mal terminée. 

29 octobre 2019

La mort du nucléaire français


J'ai passé 30 ans de ma vie à travailler dans le nucléaire civil.

 Après 3 premières années de gloire comme chef de chantier dans les centrales et un premier burn-out sur le site de Saint-Laurent-Des-Eaux m'ayant conduit en hôpital psychiatrique à la demande du préfet du Loiret (HO), j'ai été reclassé dans des travaux de réparation de moindre importance et  bien moins bien payés.

17 ans plus tard, après de grands efforts et malgré une santé devenue vacillante,  j'ai été nommé contrôleur technique. Devenu " cocheur de cases " et " rafistoleur de malfaçons ", j'observais les compétences techniques de mes pairs s’effondrer de manière alarmante. Les plus anciens partaient à la retraite sans demander leur reste, les plus jeunes étaient mal formés et les autres étaient englués sous la paperasserie de protocoles devenus monstrueux.

Les plus incompétents étaient les seuls promus car le directoire savait qu’eux ne feraient pas de vagues.  

Au mépris de la sureté nucléaire, il n'y avait plus qu'un seul mantras,  une seule litanie :  " faire du fric ".  Me sont alors venus les interrogations et les scrupules vis à vis de mon métier ainsi salopé.

Quand j'ai tenté d'alerter ma hiérarchie (ou même certains grands chefs) sur la baisse des compétences et la dégradation du savoir-faire, ils ont ressorti mon passé psychiatrique et m'ont rendu la vie de plus en plus difficile en me chargeant de toutes sortes de travaux supplémentaires comme la rédaction d'articles pour le journal interne ou la mise en place du protocole 5S de mon service.  

La mauvaise qualité du travail que je devais ensuite contrôler dans l'atelier de réparations impliquait aussi une surcharge de mon activité car je me faisais un point d'honneur à avoir un indicateur de retour clients égal à zéro et je reprenais souvent moi-même le travail mal fait. 
On me demandait d'être rapide et peu regardant sur la qualité de mes contrôles mais j'étais tout le contraire. 

Toutes les conditions étaient alors réunies pour mon ultime burn-out. C'était il y a 2 ans.

Aujourd'hui,  je suis heureux d'avoir quitté ce grand barnum et que les évènements me donnent enfin raison.

1 août 2019

Fukushima-Sur-Loire :

Travailler dans le nucléaire n'est pas anodin. Je n"ai été un nomade de l'atome que très peu de temps. Une expérience unique cependant.


J'ai parcouru les Centres de Production dans des conditions souvent précaires. Là où la vie d'un homme n'a pas beaucoup de valeur si on la compare au prix de l'énergie. La fatigue et le stress étaient mes compagnes. La peur, aussi, parfois: Celle de ne pas être techniquement à la hauteur et que la production en pâtisse. Pour faire fonctionner la machine, il n'y a pas de prix humain. Le monstre de béton et de ferraille réduit le travailleur à la fonction de " chair à neutrons ". Si tout ceci s'est mal terminé pour moi, ce fut encore bien pire pour certains autres ... mais cela n'a aucune importance.

Après trois ans d'un rythme effréné mes nerfs ont flanchés. 
Après ce premier épisode décompensatoire, j'ai quand même réussi à tenir dans le nucléaire civil pendant 30 ans mais ma carrière n'a plus été qu'une succession de frustrations et de mises au rencard. Dans cette période,  j'ai vu les compétences techniques de mes pairs s’effondrer de manière alarmante.
Cette vidéo (quand même un peu auto-biographique) n'est pas un témoignage mais un simple hommage romanesque à ces obscures qui font vivre le mythe du nucléaire. Leur nom est également sans importance.
Les vétérans commencent à se faire rares ...

27 février 2019

Black-out ou faillite d'EDF

Si on voulait remplacer les 4 tranches nucléaires de la centrale de Tricastin par de l'éolien il faudrait environ 3600 éoliennes ... et beaucoup de mistral. 

Cézanne aurait il peint cette Sainte Victoire là ?




Comme pour un Black-out général, imaginons juste ce qu'il se passerait en cas d'une banqueroute d'EDF. Interrogeons-nous également sur la possibilité de survivre dans une ville qui ne serait plus alimentée en électricité. 

30 septembre 2017

Veit STRATMANN

Grenoble, ce 23 septembre, je participais à un atelier au Magasin des Horizons sur le thème du risque.  Hormis la jeune fille qui animait le débat, à ma table, où nous réfléchissions sur les risques liés au nucléaire, il y avait 3 autres participants : deux personnes de " Sortir du nucléaire " et un artiste du nom de Veit STRATMANN.

On nous endort mais le problème est que l'on ne sait pas trop quoi faire des déchets liés à presque un siècle de nucléaire. Les gens au pouvoir bottent systématiquement en touche. D'après moi, la prochaine étape sera (comme au Japon) : " Comment rendre acceptable le fait que les radiations seront présentes pendant des siècles et comment faire passer dans l'opinion publique qu'il faudra vivre avec sans devenir fou ? ". 



Au japon certains enfants vont déjà à l'école avec un dosimètre.


Comme à l'apéritif nous avions échangé nos mails respectifs, Veit m'envoya ce lien. Son travail a ici un rapport avec le nucléaire, la problématique des déchets ultimes et de leur stockage sur le très très long terme (100.000 ans).
En l'instituant sous forme de rituel, il évoque la chute d'une civilisation, son apogée étant celui de l'age nucléaire  dont nous allons bientôt voir la fin. 


21 juillet 2017

3 - Le Nucléaire Civil Français: Tournant industriel [1970-1980]

Au début des années 1960, la commission PEON (Production d'Électricité d'Origine Nucléaire), créée en 1955 pour évaluer les coûts liés à la construction de réacteurs, avait préconisé le développement des centrales pour pallier au manque de ressources énergétiques français.

A l'époque deux positions s'affrontaient: celle du CEA (Frédéric Joliot-Curie) qui préconisait la filière UN et celle d' EDF qui souhaitait développer la filière américaine à l'uranium enrichi des Réacteurs à Eau Pressurisée (REP). Un rapport technique comparant les deux procédés réalisé en 1967, montre que le Kw/h produit avec une centrale UNGG est 20 % plus cher que celui produit par un REP de même puissance.

Pourtant, De Gaulle autorise la construction de deux centrales UNGG.

Jacques Chaban-Delmas et le président Georges Pompidou, nouvellement élu, font brutalement volte-face. Par décision interministérielle du 13 novembre 1969, la filière UNGG est abandonnée au profit des réacteurs à eau légère. Les deux arguments invoqués sont d’une part la taille compacte des REP et l’assise technique et financière des sociétés américaines. 

Deux événements internationaux vont conduire à une accélération spectaculaire du programme électronucléaire français. Le conflit israélo-arabe et notamment la guerre du Kippour en 1973 ainsi que le premier choc pétrolier qui conduit le prix du pétrole à doubler deux fois en octobre 1973, mettent brutalement en évidence la dépendance énergétique des pays occidentaux et leur fragilité en la matière au moment où le pays connaît une extraordinaire croissance économique.

Deux sociétés vont alors s’affronter pour exploiter les licences américaines: FRAMATOME (société franco-américaine de constructions atomiques) créée spécialement, exploitant le brevet de pour la technologie REP, et le groupe de la Compagnie Générale d'Électricité (CGE), devenu Alcatel-Alsthom en 1991, exploitant le brevet de General Electric pour la filière des réacteurs à eau bouillante. la centrale de Fessenheim où sont construits deux des 6 réacteurs du contrat-programme CP0.

EDF est autorisé à construire 2 REP à Fessenheim, au lieu des deux UNGG prévus. Ils seront raccordés au réseau en 1977. Puis quatre autres sont autorisés à Bugey (dans l'Ain). Ces six réacteurs constituent le palier CP0.



(à suivre ... )

13 août 2016

2 - Le Nucléaire Civil Français - Les premières centrales Graphite-Gaz [1958-1973]

Après le succès des réacteurs expérimentaux du CEA (Zoé, Marcoule ... ), c'est l’entreprise publique chargée de la production d’électricité, EDF, qui est mandatée pour mettre en place le programme électronucléaire français avec des réacteurs du type Uranium Naturel Graphite Gaz (UNGG). 

 De 1966 à 1971, six réacteurs sont mis en service : trois sur le site de Chinon, deux à Saint-Laurent-des-Eaux et un à Bugey.
Le nucléaire fournit alors 5 % de l'électricité produite en France.


Chinon A1 surnommé " La Boule " diverge en septembre 1962
La décennie 1960-70 voit aussi la naissance de 9 réacteurs expérimentaux : 

 - Osiris, à Saclay, qui produit des radioéléments pour l'industrie et l' utilisation médicale du Technétium 99m et du Silicium dopé.

 - Sur le tout nouveau site de Cadarache, près de Manosque, outre le réacteur à neutrons rapides, Rapsodie (précurseur de Phénix et Superphénix), Minerve, Pégase, Harmonie, Masurca et Cabri sont destinés aux études de neutronique et de criticité des différentes filières. Ils amèneront à la deuxième, et, surtout, à la troisième génération de centrales, issue de l'ingénierie américaine (Westinghouse) : Les réacteurs à eau pressurisée REP (PWR pour Pressurized Water Reactor en anglais) seront exploités en France à partir de 1977.

(à suivre ... )

15 mai 2016

1 - Le Nucléaire Civil Français - Choix énergétique & arrières-pensées militaires [1945-1958]

Après-guerre, Raoul Dautry, Ministre de la Reconstruction et de l'Urbanisme, informe le général de Gaulle (président du Gouvernement provisoire) que le nucléaire bénéficierait à la reconstruction ainsi qu'à la défense nationale.

De Gaulle demande à Frédéric Joliot-Curie de proposer une organisation de l'industrie française du nucléaire. Ainsi, le 13 octobre 1945, le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) est créé. Cet organisme a officiellement pour but de poursuivre les recherches scientifiques et techniques en vue de l’utilisation de l’énergie atomique dans divers domaines de l’industrie, de la science et de la défense.
Sur la base d’un fonctionnement avec un combustible d’oxyde d’uranium naturel modéré à l’eau lourde, la première pile atomique française Zoé diverge le 15 décembre 1948 à Fontenay-aux-Roses.




Si elle ne dégage que quelques kilowatts, elle va permettre des études poussées sur les réactions en chaîne et permettre la production de radioéléments pour la recherche et l’industrie. Le raffinage de minerai d'uranium africain est réalisé dans une enclave de la Poudrerie du Bouchet à Ballancourt-sur-Essonne. En novembre 1949, y seront isolés les 4 premiers milligrammes de plutonium.

Le procédé du "combustible irradié" de Zoé permet d'en extraire le plutonium nécessaire pour la première bombe atomique française.

La guerre froide et les essais de la première bombe soviétique en 1949 amènent la France à ne plus conserver la position pacifique du CEA, comme affirmée par Joliot-Curie, qui, pour des déclarations favorables à l'Union soviétique, devra démissionner en 1950.
Le CEA prend alors une orientation militaire.

Pour des raisons techniques, financières, et pour la production du fameux plutonium militaire, la filière sera celle des piles au graphite.

Si en 1952, le plan quinquennal ouvre la voie à la bombe atomique française, la décision de sa fabrication ne sera prise qu'en 1954 après la défaite de Dien Bien Phu.



Les premières études de neutronique et de criticité sont entreprises dans les centres de Valduc et de Moronvilliers en 1957.

( à suivre ... )

18 avril 2016

JL BASDEVANT - Un grand (et gentil) savant

Peu après Fukushima, j'ai eu la chance de discuter à propos du nucléaire civil avec Jean-Louis Brasdevant sur Opinews.tv, pendant plus de 2 heures.
Depuis, comme il le dit lui-même, il a " viré sa cuti ".
Cette soirée en vidéo live sur Opinews.tv semble avoir été incroyablement initiatique et décisive, pour lui comme pour moi.

Cette émission sur France-Culture :



est très émouvante, presque magique, car depuis cette soirée, même si je ne lui arrive pas à la cheville, nous avons désormais une  vision similaire. Malgré son petit rire narquois, parfois énervant, Jean-Louis Basdevant est un très grand savant ! (Merci également à la journaliste Ines Benadjaoud qui présentait la soirée).


- 20 avril 2016 : " Je dois rajouter un petit mot sous cette note, car non seulement, parce qu'il a su revoir et changer sa position sur le nucléaire, Jean-Louis Basdevant est un vrai savant. Mais il est aussi un Gentil savant : en effet, j'ai eu, quelques heures après la publication de ce post, la très agréable surprise d'avoir un petit échange avec ce Monsieur. "

Plutôt que de le transcrire ici, je préfère garder ses mots pour moi mais je ne peux pas, cependant, résister à l'envie de vous faire découvrir Jean-Louis Basdevant sous une autre facette : 


***

5 avril 2016

0 - Le Nucléaire Civil Français - Prequels [1895-1945]

En s’inspirant des travaux de l’allemand Wilhelm Röntgen (1845 - 1923) sur la fluorescence et les rayons X, Henri Becquerel, Pierre et Marie Curie ont permis, au début du XXème siècle, la compréhension des mécanismes de fission de l’atome de Radium et de ses 4 isotopes naturels.


L'invasion de la France par l'Allemagne, en mai 1940, contraint à l'arrêt des recherches et aux déplacements secrets d'une part du stock d'eau lourde au Royaume-Uni par Hans Von Halban et Lew Kowarski.  Le stock d'Uranium, lui, est caché au Maroc. 


1942 : La France de Laval est exclue du projet Manhattan et de la coopération entre le Royaume-Uni et les États-Unis lors la course contre l'Allemagne visant à la mise au point de la première bombe atomique :


(à suivre ... )

25 janvier 2016

Tristesse électrique


J'ai beaucoup d’interrogations et de souffrance quand je pense au Japon. 

Même si je ne suis pas de la génération MANGA, adolescent je rêvais de visiter le Japon, pour son coté moderne, techno et créatif mais aussi pour le ZEN que, gamin, la pratique des Arts Martiaux m'avait laissé entrevoir.

Sukothaî - 1996
Même si j'ai eu le bonheur de visiter l'Asie du sud-est, je n'ai pas encore eu l'opportunité d'une expérience nippone et le pays du soleil levant reste une énigme. Quelques amis voyageurs, quelques lectures aussi, me renvoyaient l'image d'un pays aux multiples contradictions où il est bien difficile de vivre. Une complexité très Rock'n'Roll !



Mars 2011 et Fukushima ont provoqué chez moi une grande crise de mélancolie.
Toutes les pertes humaines et les dégâts liés au tsunami et aussi (et surtout) la contamination due à la destruction des 4 réacteurs m'anéantissent chaque jour un peu plus.
Ce malaise a provoqué depuis, la destruction de mes liens sociaux, humains et professionnels :
Parler de radioactivité ou des centrales nucléaires m'est devenu très compliqué.


-Et puis, le futur n'est jamais écrit d'avance -
 
 

28 décembre 2015

Fukushima : L'Humanité doucement assassinée

Tous les jours, des centaines de tonnes d’eau hautement contaminées sont déversées dans le Pacifique depuis la centrale de Fukushima. Certains tentent d’alerter les autorités car tous redoutent des effets incalculables sur la santé des populations si les poissons du Pacifique continuent à être consommés.


Les spécialistes n'ont toujours pas trouvé de vraies solutions pour stopper le déversement de ce poison dans la mer. Si à Tchernobyl, on a sacrifié des hommes pour contenir la catastrophe, à Fukushima, on ne connaît même pas la situation exacte à l'intérieur de la centrale.
Quant à l'omerta et aux mensonges de TEPCO et du gouvernement japonnais qui maintiennent la population nippone dans l'ignorance, c'est peut-être le seul moyen pour qu'un mouvement de panique ne soit la cause d'un exode historique et massif.

26 décembre 2015

Joyeuses Fêtes !

Drôle, simple, palpitant, l'atome c'est ludique comme tout !



Voilà une courte sélection de cadeaux sympathiques pour les plus petits qui ont été imaginés aux États-Unis dans les années 60 autour de l'univers du nucléaire


Pédagogique petite valise ...

Ce " laboratoire des énergies atomiques " proposait plus de 150 expériences épatantes qui scandaient la magie de l'atome avec de jolies couleurs.

Pour les explorateurs, cette jolie boite jaune ....

Aujourd'hui, un compteur Geiger est un moyen de détection de la radioactivité utilisé en radioprotection. L'argumentaire sur l'emballage, vante là un merveilleux outil pour partir à la recherche d'uranium ... Un jouet plein d'avenir, sûr, instructif, et tellement excitant. 
Une pelle, un compteur, et hop ! 
L'aventure de pionnier de l'uranium commence ! 
Depuis leur découverte, les rayons ont été vendus à la population comme quelque chose de magique.


Alors ? Le nucléaire, un jeu d'enfants ?




16 mars 2015

Omerta nucléaire

Employer des termes mafieux pour parler de Fukushima (comme omerta ou Yakuza) est loin d'être absurde. On peut même parler de " mensonge d'état ".
Le consensus mondial et  lobbyiste fait que personne (ou presque) ne communique plus sur la catastrophe nucléaire nippone. Si dans les premiers jours qui ont suivi le tsunami, certains se sont exprimés, ils ont vite été ramenés au rang de " prophètes de l'absurde ", de doux illuminés qui n'y connaissent rien à l'affaire.

Pourtant l'Histoire, malheureusement, semble leur donner raison : Fukushima est totalement ingérable et ses ruines risquent fort de devenir le mausolé de l'humanité.



L'Armageddon nucléaire n'est pas violent mais inexorable.

Nous restons convaincus que si une solution valable de sauvegarde des tranches japonaises existait ou que s'il y avait un moyen fiable d’arrêter la radioactivité, il serait mis en oeuvre par les états du monde et, ce, à n'importe quel prix.

Il n'y a pas de solution pérenne.

17 avril 2014

Energie 3.O (Jeremy Rifkin) :

 Jeremy Rifkin, auteur visionnaire et génial de " La Troisième Révolution Industrielle ", explique pourquoi le nucléaire civil est moribond  >>>



Pour aller plus loin, beaucoup plus loin : La vision  révolutionnaire de Rifkin sur la production énergétique du futur et sa distribution sont basées sur la collaboration et les réseaux. Les énergies renouvelables, la production individuelle, le stockage grâce à l'hydrogène, les réseaux de transport de l'électricité (Smart Grids) et les véhicules électriques en seront les 5 piliers >>>



Nous ne sommes plus là dans une pensée centralisée et hiérarchisée comme celle de l’archaïque capitalisme mais réellement vers un appel à la collaboration et à la créativité.
Cette 3ème révolution industrielle implique, une fois de plus, d'importants changements de paradigme. Ce n'est pas avec ce pouvoir politique réactionnaire et des industries basées sur une structure pyramidale qui nous maintiennent dans le statu-quo du néo-libéralisme que nous avons une chance d'y arriver.