A Saint-Jean-de-Maurienne, si du 10 au 28 octobre 2022, vous vousennuyez (ça arrive souvent dans ce bled) ne demandez pas ("après" ) The(phase3) mais interrogez les gens (les vieux) sur Vicious ou Viche (pour les femmes les plus élégantes).
Juin 2021, les choses semblent s'arranger, le temps des cerises revenu. Cependant, elles n'ont pas le même gout. Le retour à un état antérieur est illusoire. Penser que les affaires vont reprendre est également une bévue.
expose à l’Atypik, 10 place Edmond Arnaud, Grenoble
La
peinture est avant tout un moyen d'exploration mentale, expression de
la révolte et de la résistance à la souffrance psychique.
Inexprimable par des mots, elle est comme un mode d'emploi pour
accéder à la « Santé » au
sens antipsychiatrique du terme.
- Je me demande comment on peut travailler dans une usine parce que j'estime que dans une usine on est enfermé, vous êtes là toute la journée, avec les bruits de moteurs et tout ça …
- Vous avez vachement raison ! C'est dégueulasse. Je me demande comment on fait pour arriver à rester dans une usine, comme vous dites « enfermé ». On est contrôlé. Déjà, il y a cette espèce de division qui se créée entre les ouvriers … Et en plus de ça, il y a la maîtrise qui nous harcèle qui est toujours derrière nous … les contre-maîtres … C'est ça. C'est vraiment dégueulasse ! Vous avez raison, c'est très dur !
Seulement on a pas d'autre choix … »
Jean Rouch – Edgar Morin - Chronique d'un été (1960)
Puis il y eu mon burn-out nucléaire qui me value une nouvelle hospitalisation en février 2017.
Ainsi, à partir du 17 janvier 2020, l'Atypik exposait mes nouveaux dessins et toiles liés à cette expérience douloureuse, sous le titre :
La finitude qualifie, dans le langage courant, ce qui est fini, le caractère de toute chose qui possède une limite au moins sous un certain rapport. Pour l'être humain, dont l'existence est limitée par la mort, la finitude s'entend principalement, mais pas seulement, par rapport au temps : c'est donc un trait, voire une définition, de sa condition essentiellement mortelle. Mais la finitude concerne également les limitations de nos facultés, et, en particulier, de notre faculté de connaître (par les sens et par l'entendement).
Le courant humaniste, qui met au premier plan de ses préoccupations le développement des qualités essentielles de l'être humain et sa capacité d'auto-détermination va avoir à résoudre le paradoxe que lui impose la prise en compte de la finitude concrète des capacités humaines.
Considérée sous le rapport de la fragilité de notre condition, éphémère et changeante, à notre opacité, la finitude s'oppose à l'immuable ainsi qu'à la transparence.
Ce matin, avec Elisabeth, quand nous sommes allés rencontrer le philosophe et thérapeute Agustin CASALIA , chez lui à Lausanne, nous avions pensé que notre visite durerait une petite heure ... Nous sommes ressortis 3 heures plus tard ... un peu KO.
Si l'idée que le futur n'est pas écrit est assez facile à comprendre, Agustin nous expliquait (entre autre) que le passé ne l'est pas plus.
La mémoire n'est pas un objet fixe car le filtre du souvenir fait évoluer notre histoire personnelle, la remanie sans cesse. Le temps n'est pas linéaire. Il n'est qu'interprétation. Le passé ne serait qu'un récipient, dont on pourrait changer le contenu.
Agustin Casalia sera au Chimère café le samedi 22 juin 2019 à 9:30 pour un petit déjeuner philosophique. Venez nombreux ! (Jetez aussi un œil à la µexpo au fond de la salle).
L'initiation est le processus par lequel un novice accède à un statut plus élevé par l'acquisition de connaissances ou l'admission à des activités particulières d'une communauté religieuse, d'une société secrète ou d'un groupe. D'une façon plus générale, l'initiation désigne l'accession à la connaissance préliminaire d'une science, d'une profession, d'un art. Depuis les mystères d'Isis en Égypte, jusqu'à la franc-maçonnerie de nos jours, en passant par les peuples premiers, chaque espace culturel contient des rites d'initiation.
Un égrégore (ou eggrégore) est, dans l'ésotérisme, un concept désignant un esprit de groupe influencé par les désirs communs de plusieurs individus unis dans un but bien défini. Cette force aurait besoin d'être constamment alimentée par ses membres au travers de rituels établis et définis.
Quand un seul individu fait la même chose, on dit qu'il délire.
En sciences sociales, une interaction fait référence à toutes les actions réciproques entre deux ou plusieurs individus au cours desquelles des informations sont partagées. L'interaction est dite sociale car non seulement elle produira du sens, mais aussi parce qu'elle s'inscrit dans un contexte qui influence les actions de chacun.
Si vous parlez à Dieu, vous êtes croyant... S'il vous répond, vous êtes schizophrène. Quand un groupe de personnes élabore une pensée chimérique, il se peut qu'ils créent une religion, quand un seul individu fait la même chose, on dit qu'il est fou.
Ce qui me lie aux autres humains ? Question très intéressante. La schizophrénie est une maladie du lien. Maladie du lien perdu avec les autres, justement. Lien avec les autres qui est devenu aliénant jusqu'à se rompre. Ce qui lie aux autres c'est le désir, l'envie, l'amour, le sexe, les luttes, les combats que l'on mène ensemble, les associations citoyennes de défense des droits humains. Les hobbies, les passions, le sport, les croyances, les non croyances, l'athéisme, la "religion", religaere en latin. La mort, la maladie, les difficultés de la vie que l'on essaye de surmonter ensemble. L'Art, la beauté, la philosophie, la spiritualité, les émotions, les sentiments. La haine, le mépris, le racisme, l'intolérance et le fanatisme peuvent aussi lier les personnes . La schizophrénie fait perdre le lien aux autres. Il s'agit alors de créer de nouveaux liens de créer une nouvelle histoire, une nouvelle aventure. Dés la naissance, nos liens sont sans cesse renouvelés, tel le cordon ombilical qui est tranché. Le lien avec la mère qui se transforme. D'autres liens, vers d'autres personnes, viennent se greffer autour de l'enfant.
Bref, vive les liens ! Sauf les liens toxiques et aliénants.
Le grand chaos qui nous entoure ne fait plus le doux bruit de la mer mais celui d'un tsunami. La simplicité d'une époque s'oppose à cette complexité incontrôlable qui, aujourd'hui, semble rendre toute chose impossible. Point de non retour ? Pour ne pas accepter la fatalité. Juste s’asseoir pour boire un café à la Chimère ... même si c'est pour la dernière fois.
Le tiers-espace pose le redoutable problème de l’identification et de la quantification, de sorte que l'on puisse dépasser le diagnostic un peu rapide du lieu physique (ou virtuel) de la rencontres entre personnes et des compétences variées qui n'ont pas forcément vocation à se croiser.
L'oeuvre serait alors de ne rien produire d'autre que du lien. Face à cette perspective un peu péjorative, j'ai préféré laisser une trace quasi insignifiante (mais évolutive) dans ce lieu. J'ai appelé ça la µexpo ... J'espère qu'elle vous plaira.
Robert Malaval (1937 - 1980) est surement le seul peintre Rock français.
Du papier mâché de la série « Aliments blancs », et sa métaphore d'un mal proliférant et inévitable du début des années 60, jusqu'à la série pleine de paillettes « Poussière d’étoiles » où le fond noir symbolise la vacuité et la brièveté de la vie, en passant par les pochoirs des seventies qui annoncent déjà l'arrivée du Graffiti (pas du Street Art, SVP !), Robert Malaval a traversé son époque avec la fulgurance d'un flash d'héroïne, la vitesse d'un riff de Dick Dale ou de Chris Spedding.
« La vie comme une farce » était presque la devise de celui a qui on attribue parfois la langue des Rolling Stones (à la bourre avec John Pasche) sur le " Sticky Fingers " à la braguette warholienne.
L'insupportable répétition qui mène au mal-être et au vide. L'insuffisance du manque, la drogue et la jouissance ultime : le Rock'n'Roll !
« Vouloir tout saisir, c'est un vertige terrible ! »
Robert MALAVAL - Kamikaze Rock - Peinture acrylique & paillettes (1977)
En 1980 (il a déjà peint Kamikaze Rock et Kamikaze Fin du monde) dans l'urgence et après son ultime exposition-happening de Créteil, « Attention à la peinture - une exposition pirate » ... ... il se tire une balle dans la tête.
" Vouloir tout saisir,
c'est un vertige terrible / faut aimer ça / de la vie à la mort faire le voyage
/ encore une fois encore une nuit encore un instant /j'aime à penser à des
milliards, d'années / à l'infini et au néant toutes ces choses vertigineuses
comme les valses de Strauss (et 1e champagne) // Parfois je sens notre vieux
monde couler comme un vénérable camembert tout semble vain / je crois que je
suis mort, alors pourquoi de temps à autre un visage, un tableau ou une chanson
remet tout en marche et je ne vis que pour ça // Quand je peins, c'est que j'
en ai envie / et ça recommence / je fais ce qui me plaît / je me fous de ce que
les autres et moi ont fait / j'aime les paillettes jetées à la volée, les
étoiles, les étincelles dorées / j'aime le charme, le mouvement et l'atmosphère
// Ce que je suis, qui peut me le dire ? / les mots n'ont pas de sens mais
parfois les images / j'aime la tempête et les orages / à dire vrai je me sens
de moins en moins humain / j'aime la viande rouge, les steaks saignants /
qu'est-ce que ça veut dire ? Où suis-je / bleu jaune vert rouge NOIR // Qu'on
le sache bien / rien n'est plus précieux que le petit cœur qui bat tandis
qu'elle dort sur le sofa de l'atelier / Je donnerais toutes les œuvres d'art de
1'univers pour ça pour cette chose sublime / fragile qu'un rien éteint, qu'un
rien enflamme / juste un peu de vie/ Tout est pareil jusqu'à ce qu'on décide
que c'est autrement // Maintenant ça va changer // Allez encore une fois /
encore / encore/" tout compte pour zéro / pour toujours / à L'INFINI / ET
J'AIME CA " -
Robert Malaval (Ce message a été retrouvé à coté de son corps le 9 août 1980)
La généalogie de l'art urbain est multiple et complexe, car il puise ses origines dans des disciplines graphiques aussi variées que la bande dessinée ou l'affiche.
L’essence de l'art urbain contemporain se retrouve tant dans les œuvres des affichistes d'après-guerre comme Raymond Savignac, en France, que dans celles des dessinateurs de la contre-culture américaine tels Robert Crumb ou Vaughn Bodé, tous deux figures de proue du Comics Underground depuis les années 1960. La prise en compte de l'environnement urbain et social dans la création contemporaine voit aussi des expérimentations d'intégration de l'art dans la ville.
En 1967, le symposium international de sculpture de Grenoble, dans le cadre du programme de préparation des Jeux olympiques d’hiver, marque le premier retour des artistes sur la scène urbaine depuis la deuxième guerre mondiale. La municipalité de la ville souhaitait associer des plasticiens dès la conception de La Villeneuve.
Si Jean Dewasne (maîtres de l'abstraction constructive) est initialement contacté, la décoration sera finalement confiée à l’architecte franco-italien Henri Ciriani et au chilien Borja Huidobro, membres de l'Atelier d'urbanisme et d'architecture (AUA), fondé en 1959 par l’urbaniste Jacques Allégret et qui se caractérise par ses penchants collectivistes et sa vocation collaborative.
C'est dans le quartier des Baladins que K. Schultze avec ses géants réussira le mieux l'articulation entre la sculpture, l’architecture et l’urbanisme.
D'autres expériences sont imaginées dans des villes nouvelles, comme Évry, en 1972, ou Marne-la-Vallée.
Pendant la période « Pompidou », un malaise existentiel, social, sexuel et politique généré par cette « Nouvelle société » et la consommation effrénée, produit, dès 1968, en une sorte de réponse européenne au Pop-Art américain, le mouvement de la « figuration narrative ».
En 1975, le collectif parisien des Malassis réalise une grande fresque sur les murs du nouveau centre commercial de Grand'Place. Ils proposent une variation en 11 panneaux, inspirés par « Le Radeau de la Méduse » de Géricault. En ce haut lieu marchand, les auteurs expliquaient : « Ce Radeau de la Méduse, c'est le naufrage de notre société de consommation ». Une allégorie du naufrage dans les frites congelées, de l'exotisme des agences de voyage et des conserves usagées. Le summum de la perversion des fonctions digestives de l'art récupérée par une société moderne.
A l'époque, l'œuvre provoqua un intense débat dans la presse mais fut pourtant recouverte, en 2000, dans la plus grande indifférence.
En 1979, Ernest Pignon-Ernest, considéré, par beaucoup, comme l'un des précurseurs de l'art urbain en France, réalisa une fresque à la bourse du travail. Située entre la galerie de L'Arlequin et Grand'Place, cette fresque est encore visible et a été récemment restaurée (2016).
Autonome et parallèle, l'Art urbain a pour initiateurs Zlotykamien, Daniel Buren, Ernest Pignon-Ernest en France, ou Roger Somville en Belgique. S'il commence à s'épanouir en France à partir de 68, il n'est officialisé qu'au début des années 80 sous l'influence, entre autre, d'Agnès B. et de Jack Lang, ministre de la Culture.
Grenoble, parce que son maire RPR, Alain Carignon, y fit régner « une certaine idée de l’ordre et de la rigueur », de 1983 à 1995, fut, par réaction, l’une des villes françaises les plus remarquables en matière d’Art subversif.
BERRIAT 83: Christine Breton, qui à l’époque était conservatrice du Musée de Grenoble, préparait une exposition qui ne se déroulait pas dans le musée, mais dans un des quartiers de la ville: Berriat. A l’époque, c’était tout à fait nouveau. Le catalogue était une bande photographique, qui permettait de suivre un parcours via des photos et d’avoir toujours en regard ce que l’on pouvait voir à cet endroit là. C’est donc un rouleau de 30 centimètres de haut qui a été imprimé en sérigraphie, en noir et blanc, et roulé pour retrouver l’esprit des cheminées du quartier. Ce projet a fait scandale. A l’époque, Alain Carignon qui venait d’être élu maire de la ville, considérait que c’était jeter l’argent public par la fenêtre et a fortement critiqué la conservatrice.
En ce début des années 80, Grenoble comptait quelques graffiteurs et une toute nouvelle école d’art, rue Lesdiguière. Mix du graffiti et de la « figuration libre », un mouvement grenoblois était sur le point d’éclore.
L’exposition collective Berriat 83 a bien failli être annulée alors que le catalogue référençait pas mal des nombreux artistes qui, à l’époque, vivaient et travaillaient dans la ville.
Les musées et surtout l’école des Beaux-arts ont posé de réels problèmes à la municipalité Carignon, comme l’occupation de l’école par les élèves dès la rentrée 1983/84.
Dans cette période, un fort mouvement contestataire visant à modifier le système en place par l’illustration de ses défauts et par la promotion de valeurs différentes (voire antagonistes) vit le jour à Grenoble.
1984 – avec Adeline (ADN), ma copine du moment, nous présentions une performance intitulée DEUS IRAE à l’école supérieure d’Arts de Grenoble où j’étais étudiant en troisième année.
Dans un espace sonore assez violent et bruitiste, les spectateurs se tenaient autour d’une grande bande de papier blanc. A un bout, un statuaire noir assez destroy représentait une sorte de machine déglinguée. Juste devant, un bloc de béton, noir aussi, était frappé d’une croix inclinée en X et d’une flèche en forme d’éclair.
Habillé de manière très straight, façon dandy hi-tech, et après quelques gesticulations et poses rituelles dans l’espace cadencé par des raies de lumière issues de diapositives.
Je commençai, alors, à me percer une veine de la main avec un cathéter et me déplaçai ensuite sur le ruban de papier où goutait mon sang en un clip-clap perceptible par le public (la bande son ayant été arrêtée).
A la reprise du vacarmes des hautparleurs, je projetai de l’essence sur le papier ainsi maculé des petites taches rouges de mes goutes de sang et enflammai le liquide. La fumée envahit la salle de l’école. Une partie du public en sortit en toussant. Une autre, j’imagine à cause d’un effet de sidération, attendait la suite. (Avec mon amie, nous portions alors chacun un masque à gaz).
Là, il se produisit une chose inattendue:
Les gouttes de sang coagulées par les flammes avaient créé de petites hosties brunes. Je les ramassais et les distribuai alors aux spectateurs encore présents en leur disant :
« Prenez, mangez et buvez-en tous :
Ceci est mon corps et mon sang livrés pour vous ! »
Les propositions d’alternatives au système municipal s’exprimait, la plupart du temps, dans la rue, la nuit, sous forme de graffitis.
Jeune artiste, j’eus cependant, l’outrecuidance d’organiser un happening intitulé « La femme sous cellophane » avec la complicité de quelques employés municipaux résistants, et celle de Cécile (Hiro), modèle vivant aux Beaux-Arts., (Cécile, alias Hiro).
Dans la vitrine de la Bibliothéque du centre-ville, elle se débâterait nue sous un film de cellophane dans l’éclairage toxique et désinformant de quelques téléviseurs, tel un pantin, aux prises avec son environnement.Elle était là depuis longtemps déjà.
Elle regardait son corps nu sous la cellophane.
Rien ne bougeait.
Seul le cordon nutritionnel semblait émettre de vagues vibrations.
Qu’y avait-il à l’autre bout ?
Sans doute rien autre que le délire d’un créateur satanique. Par intermédiaire des téléviseurs dérèglés, elle pouvait s’inventer des repaires dans le temps rien ne lui permettait de vérifier l’exactitude temporelle des parasites. Parfois des images apparaissaient sur I ’un des écrans, lui donnant ainsi une vision éphémère du monde qui l’entourait. Bien sûre, elle ne pouvait pas toujours discerner la fiction de la réalité. II lui semblait pourtant que l’image qu’elle se faisait de l’extérieur n’était guère différente de ce qu’il était vraiment. Il lui arrivait de rêver d tune vie normale : elle et les siens, tous en rond devant la télévision. Mais cela lui était interdit. L’asepsie dans laquelle elle vivait la poussait dans d’effroyables crises de dépression.
Rien ne peut naitre de l’ordre, seule la contusion est matrice de l’action.
La seule manifestation anarchique était celle due aux rayonnements bleutés qui émanaient des téléviseurs déréglés. Etaient-ils déréglés ?
Il lui semblait souvent que quelqu’un en avait le contrôle. Quelqu’un qui supervisait les images cherchant ainsi à l’intoxiquer et à l’éloigner de la Vérité.
Peut-être n’était-elle pas la seule. Peut-être y avait-il d’autres personnes subissant, comme elle, le lavage de cerveau collectif. D’autres … des millions d’autres. - phase3
Si les luttes ont leurs héros, elles ont aussi leurs martyrs : La performance fut largement censurée et tronquée.. Hiro se vit imposer le port d’une combinaison moulante de couleur verte. Les téléviseurs diffusant des images assez embarrassantes pour la mairie, furent, purement et simplement, retirées au dernier moment par la police. Quant à moi, c’est bien plus tard, que je pris connaissance du compte rendu de l’évènement qu’en avait très vaguement fait le journal local.
Issu de la société « d’individualisme de masse », au sens où la décrit Pierre Gascar, le Graffiti était né de la volonté d’expression d’une génération pour laquelle se rendre visible au plus grand nombre, laisser sa signature visuelle quitte à s’affranchir des lois et des règles communes, c’était exister. C’était à cette époque une manière alternative de faire société.
2022 – Le Street-Art festival avec ses nacelles élévatrices et ses balisages policiers de nos lieux de vie pour permettre à des artistes américains de s’exprimer remplit -il encore ce rôle ?
« Le nouveau Banksy sera-t-il dans ce festival où en train d’être pourchassé par la police ? »
J'ai eu tellement de périodes de solitudes et de doutes dans ma vie psychique, qu'il n'y a pas à dire, vous m'avez tous bien réchauffé l'âme, le soir du vernissage.
Merci à vous !
Si Judith n'avait pas toujours été là pour me soutenir (et m'engueuler parfois aussi) je ne pourrais pas écrire ces quelques lignes aujourd'hui.Pourquoi ? Parce que j'aurais, à coup sûr, réussi à appliquer ce cher principe l'éphémérité à ma propre existence. Merci à elle. D'autres n'ont pas eu ma chance, merci à eux, aussi.
Merci également à Mohamed Aouine pour son article le 8 octobre dans le Dauphiné Libéré.
" La plupart des jeunes rois auront la tête coupée. " Jean-Michel Basquiat
En 1991, je tentais de reprendre mes études à l'école des Beaux-Arts de Grenoble. J'ai eu la chance d'y rencontrer ce grand mec rigolo et dynamique. Je crois me rappeler qu'il suivait plus où moins les cours en 5ème année, alors que je tentais de valider un premier cycle que j'avais dû abandonner en 1985 pour cause d' hospitalisation. Je ne suivais que très peu les cours. J'étais plus occuper à peindre dans une des salles de l'école que j'avais assez sauvagement investie. Les autres élèves se plaignaient de ma présence et du raffut que je faisais. Je produisais, avec rage, quelques toiles.
Depuis, elles ont dû être détruites :
Parmi les rares personnes qui appréciaient mon travail, il y avait ce black costaud grand fan de peinture new-yorkaise avec qui j'aimais discuter peinture et écouter de la musique. Il était très enthousiaste vis à vis de mon travail. Un soir, il m'a donné 2 feuilles sur lesquelles, d'une écriture, belle mais raturée, était calligraphié le texte suivant :
« Un jour que je faisais le tour des salles de l’école des Beaux-arts de Grenoble, je fus saisi par le travail de Pierre-Louis, alias phase III. L'intéressant, dans cet espace est l'impression que tout fait partie de son œuvre. Je trouve une certaine rythmique du corps, une simplicité qui est traduite en « body language » par lui. Rappeur d’aujourd’hui, phase3 est un tagueur, un vrai. Son travail est de l’ordre de la performance. Il fait du direct, du live, de l’ordre du Straight Language. phase3 invite le spectateur à la danse, au mime dans l’espace, avec une certaine dose d’humour. L’humour qu’a l'ego triomphant, comme dans l’œuvre de Jean-Michel Basquiat. Dans son travail réside une certaine pureté, modestie. C’est peut-être là qu’est la force intérieure de son corps blanc ouvert ».
Excuser du peu, de la prétention du peu ! Ce soir là, pour le remercier, je l'invitai à boire un verre ou deux dans un bistro proche de l'école. Comme à l'époque, j'avais pu emprunter le caméscope de papa, il en subsiste cette vidéo :
Oui, la Plupart des jeunes Rois auront la Tête Coupée.
Peu de temps après, n'arrivant pas à me décrocher des psychiatres auxquels mes chers parents m'avaient confié, je suis retombé malade tandis que Pacôme, lui, montait à Paris.
La crainte d'être expulsé l'a contraint à peindre dans la rue, l'alcool aussi. Il est devenu SDF en 1998.
Exténué et dépossédé de son œuvre, il est mort le 16 octobre 2003, à 38 ans, en phase terminale d'un cancer généralisé. Sa côte flambait alors sur le marché de l'art.
Quand, plus tard, j'ai appris son décès, j'ai collé les 2 feuilles du texte qu'il m'avait donné sur des feuilles format raisin goudronnées puis je les ai massacrées.
Visible actuellement à l'exposition de l'ATYPIK? 10 place Edmond Arnaud à Grenoble
R.I.P. man !
Voici quelques unes des dernières œuvres de Pacôme :
En 2010, à l’occasion de la rétrospective Basquiat, au Musée d'Art Moderne de la ville de Paris, Bruno Bischofberger, marchand, galeriste, et collectionneur racontait la rencontre entre Jean-Michel Basquiat et Andy Warhol >>