Du papier mâché de la série « Aliments blancs », et sa métaphore d'un mal proliférant et inévitable du début des années 60, jusqu'à la série pleine de paillettes « Poussière d’étoiles » où le fond noir symbolise la vacuité et la brièveté de la vie, en passant par les pochoirs des seventies qui annoncent déjà l'arrivée du Graffiti (pas du Street Art, SVP !), Robert Malaval a traversé son époque avec la fulgurance d'un flash d'héroïne, la vitesse d'un riff de Dick Dale ou de Chris Spedding.
« La vie comme une farce » était presque la devise de celui a qui on attribue parfois la langue des Rolling Stones (à la bourre avec John Pasche) sur le " Sticky Fingers " à la braguette warholienne.
L'insupportable répétition qui mène au mal-être et au vide. L'insuffisance du manque, la drogue et la jouissance ultime : le Rock'n'Roll !
« Vouloir tout saisir, c'est un vertige terrible ! »
Robert MALAVAL - Kamikaze Rock - Peinture acrylique & paillettes (1977)
En 1980 (il a déjà peint Kamikaze Rock et Kamikaze Fin du monde) dans l'urgence et après son ultime exposition-happening de Créteil, « Attention à la peinture - une exposition pirate » ... ... il se tire une balle dans la tête.
" Vouloir tout saisir,
c'est un vertige terrible / faut aimer ça / de la vie à la mort faire le voyage
/ encore une fois encore une nuit encore un instant /j'aime à penser à des
milliards, d'années / à l'infini et au néant toutes ces choses vertigineuses
comme les valses de Strauss (et 1e champagne) // Parfois je sens notre vieux
monde couler comme un vénérable camembert tout semble vain / je crois que je
suis mort, alors pourquoi de temps à autre un visage, un tableau ou une chanson
remet tout en marche et je ne vis que pour ça // Quand je peins, c'est que j'
en ai envie / et ça recommence / je fais ce qui me plaît / je me fous de ce que
les autres et moi ont fait / j'aime les paillettes jetées à la volée, les
étoiles, les étincelles dorées / j'aime le charme, le mouvement et l'atmosphère
// Ce que je suis, qui peut me le dire ? / les mots n'ont pas de sens mais
parfois les images / j'aime la tempête et les orages / à dire vrai je me sens
de moins en moins humain / j'aime la viande rouge, les steaks saignants /
qu'est-ce que ça veut dire ? Où suis-je / bleu jaune vert rouge NOIR // Qu'on
le sache bien / rien n'est plus précieux que le petit cœur qui bat tandis
qu'elle dort sur le sofa de l'atelier / Je donnerais toutes les œuvres d'art de
1'univers pour ça pour cette chose sublime / fragile qu'un rien éteint, qu'un
rien enflamme / juste un peu de vie/ Tout est pareil jusqu'à ce qu'on décide
que c'est autrement // Maintenant ça va changer // Allez encore une fois /
encore / encore/" tout compte pour zéro / pour toujours / à L'INFINI / ET
J'AIME CA " -
Robert Malaval (Ce message a été retrouvé à coté de son corps le 9 août 1980)
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