« Je ne peux pas dire que je sois athée. Le mot d'origine grecque est formé du mot "theos", Dieu, et de la lettre "a", alpha, dite privative. L'athée se prive de Dieu, de l'énorme possibilité de l'admettre non pas tant pour soi que pour les autres. Il s'exclut de l'expérience de vie de bien des hommes. Dieu n'est pas une expérience, il n'est pas démontrable, mais la vie de ceux qui croient, la communauté des croyants, celle-là oui est une expérience. L'athée la croit affectée d'illusion et il se prive ainsi de la relation avec une vaste partie de l'humanité. Je ne suis pas athée. Je suis un homme qui ne croit pas. »
Être en avance n'est pas dans mes habitudes, pourtant comme le pote protestant qui m’hébergeait à Paris voulait aller prier ce matin du dimanche 27 novembre 2016, je suis arrivé bien en avance au salon du Livre des Lanceurs d'Alertes organisé par mon ami Daniel Ibanez. Un soleil froid sur Paris. Je m'assois d'abord sur un banc pour discuter un peu avec un mec pensif et fatigué sur l'esplanade Roger Linet.
Avec seulement le jus de légume de mon pote crudivore dans le ventre, je n'ai pas spécialement envie de perdre mon temps à philosopher avec quelqu'un qui reste de marbre.
Pour faire court, je lui demande s'il ne se les caille pas trop, à poil comme ça, parce que moi, même avec ma doudoune et ma polaire grenobloise (fabriquée en Chine) je me les gèle grave.
Comme il ne me répond toujours pas, je quitte le gars et rentre dans un café qui s'appelle " le Fidèle".
Le kawa y est bon.
En le savourant, j'observe discrètement et longtemps ce jeune homme au teint livide que deux autres personnes interviewent. Il n'a pas l'air d'aller très bien, angoissé, presque dispersé.
Dans mon dos, une cloison légère me sépare de trois types qui discutent d'un des versets du Coran.
J'ai envie de fumer.
Tandis que je règle mon café au comptoir, je remarque deux pieds nus qui jouent de manière assez sexy avec le cuir de mocassins bruns. (Je pense être un peu fétichiste des pieds féminins).
Une femme blonde me tourne le dos, elle est entourée de deux gars. En arrivant à son niveau, je la reconnais, c'est Irène Frachon.
Intimidé, j'ose :
- « Madame Frachon ? »
- « Oui ? » me répond-elle.
- « Je suis désolé de vous déranger en pleine discussion, mais puis-je juste vous dire un mot, un seul ? »
Elle sourit.
Assez penaud, je risque un « Merci, Madame ! »
Quand je sors, un pigeon est en train de chier sur la tête du jeune roi qui bientôt deviendra un travailleur épuisé.
Quelques heures plus tard, je croise à nouveau Irène Frachon dans la grande salle du festival..
Elle ressemble à un ange, à un être de lumière.
Elle me parle de Big Pharma et de sa lutte contre les laboratoires SERVIER. Je lui raconte ma première hospitalisation, ma souffrance jeune homme quand j'ai du prendre de force tous ces neuroleptiques, et comment la médication psychiatrique a gâché ce qui aurait dû être les plus belles années de ma vie.
Je comprends maintenant que c'est pour me remonter le moral qu'elle me montre sur son smartphone, une vidéo de ses enfants qui comme dans le film d'Emmanuel Bercot, la Fille de Brestfont de la musique en famille.
Irène est une belle personne, une très belle personne.
La relaxe d' Erri de Luca, qui était poursuivi par la justice italienne pour «.incitation au sabotage » sur la ligne ferroviaire Lyon-Turin permet de faire parler de notre mouvement de résistance face à ce projet monstrueux, stupide et déjà obsolète.
Conflits d’intérêt et lobbying sont dans cette affaire, une fois de plus, la preuve de la corruption et du pourrissement total de nos élites. Si on parle de mafia et de corruption italienne liées à ce projet, on omet souvent de dire que l’immunité parlementaire propre à la France rend le travail des juges bien plus délicat ici. Et avant de railler nos voisins transalpins, nous ferions mieux de balayer devant nos portes et de regarder ce qui se passe chez nous :
Du coté français, l'intox des promoteurs de ce tunnel est basée sur la cupidité, l'achat des consciences et toujours les conflits d’intérêts qui au final font taire les protagonistes et les habitants de la vallée de la Maurienne : A grands coups d'argent public, les politiques locaux (pourris jusqu'à l'os) et les médias qui leur sont dévoués achètent, peu à peu, la populace pour les multinationales bétonneuses (Spie Batignolles, TCPI, Sotrabas, Eiffage TP, Ghelle, CMC di Ravennaet Cogeis), et quelques entrepreneurs locaux sous-traitants et leur main-d'oeuvre étrangère (Truchet, Martoïa ..), comme ce fut le cas jadis lors de la construction des centrales nucléaires. L'avidité et la cupidité aidant, la tache de lobbying n'est pas bien difficile.
Affiche d'une fête sponsorisée par le chantier LGV
Après la désindustrialisation du secteur de la chimie qui a amené la dramatique crise de l'emploi dans leur vallée, une fois de plus, les Mauriennais vont faire les frais du Monopoly et des magouilles des politicards, avec la nuance qu'aujourd'hui le propos n'est même plus industriel mais purement financier.
Ne serait-il pas plus pertinent de préparer un avenir radieux pour les jeunes de la vallée ? Ne pourrions-nous pas laisser nos anciens profiter tranquillement de leur âge ?
L'Histoire l'a montré, la Maurienne a des terres qui ont bien plus de potentiel que le tourisme de masse et des montagnes qui méritent bien mieux que la poussière d'un tunnel qui ne sera jamais achevé.
Il y a une quinzaine de jours, les dirigeants mondiaux ont marché ensemble, avec derrière eux des millions de moutons bêlant " #JeSuisCharlie ! ". Mais quand, à 100 kilomètres de chez nous, un vieux montagnard est poursuivi pour " paroles et délit d'opinion ", quand la liberté d’expression est, au plus haut point, muselée, alors là, il n'y plus grand monde pour s'indigner.
Face aux menaces des biens et de l’intérêt communs, la question de la désobéissance citoyenne se pose plus que jamais.
Assez de ce monde où on est, soit un pur salaud, soit un pauvre con d'esclave !
On nous met dans la tête, avec l'aide des médias à la botte de nos maitres, que la ligne TGV Lyon-Turin devrait finalement et inévitablement voir le jour.
Je me suis intéressé, presque par hasard, à cette aberration économique, sociale et environnementale qui peu à peu devient le plus gros des outrages au peuple de toute l'Histoire européenne.
Très peu de temps après, j'ai vu quel traitement l'état italien (berlusconien à l'époque) infligeait à des gens paisibles, souvent âgés, qui n'aspiraient qu'à vivre tranquillement le reste de leur âge.
Le peuple du Val de Suse ne veut pas de ce projet pharaonique qui détruira leur belle vallée. Ils disent non à la dilapidation de l’argent public; Non encore aux campagnes de criminalisation et aux accusations de terrorisme dont ils font régulièrement l'objet dans les médias corrompus.
La résistance est maintenant organisée et s’appelle NOTAV.
En France, les opposants sont encore peu nombreux, les " Crétins des Alpes " voyant même dans ce chantier une bonne occasion de se faire du fric.
Il est vrai que les premières indemnités d’expropriation étaient plutôt juteuses (pour les opportunistes proches du dossier).
Encore plus naïfs, certains mauriennais se voient déjà embauchés comme tunneliers. Une simple réflexion sur l'affaire Bouygues et l'EPR de Flamanville leur démontrerait le contraire. D'autres, carrément benêts, rêvent au développement des sports d'hiver, avec des TGV dégueulant leur flux de touristes sur St Jean-de-Maurienne. .C'est vrai que pendant 15 ou 20 ans, il va falloir l'aimer cette vallée poussiéreuse pleine de camions (ceux qui empruntent déjà le tunnel routier du Fréjus, et bientôt aussi ceux (à benne) qui charrieront les gravats issus de l'excavation.. Qu'elle va être belle la neige des quelques modestes stations de ski mauriennaises où déjà, même à grand renfort d'artifices les choses, tournent au tragique !
Photo de la station de la Norma, pourtant réputée pour son enneigement, le 11 janvier 2015
L'avidité légendaire de ses habitants, le bourrage de crâne médiatique, un chantier d'une vingtaine d'année, au moins, et le non report rapide du trafic des camions sur les rails (alors qu'il est possible en trois mois) vont faire de la vallée de la Maurienne un endroit invivable.
Les Italiens ne veulent pas du projet de ligne LGV (TAV, en italien, Treno Alta Velocità) qui, sous de faux prétextes écologiques, condamne à mort une bonne partie des Alpes.
Ils disent " NO " à cette dilapidation de l’argent public et à son détournement par la mafia et par les caisses des partis politiques.La Résistance est organisée et s’appelleNOTAV.
Les lobbies, les politiciens véreux qu'ils arrosent, les médias qu'ils manipulent, donnent encore un vernis de respectabilité au projet dont le financement crouvrirait largement le déficit de la Sécurité Sociale.
L'écrivain et alpiniste Erri De Luca, parce qu'il aime les Alpes, soutient depuis des années le mouvement. Son engagement le mène depuis le 28 janvier 2015 devant le tribunal de Turin et, malheureusement, l'issue sera sans surprise.
Le système archaïque qui ose encore s'autoproclamer Etat ou Démocratieveut museler la liberté d’expression. Préparons-nous à la désobéissance citoyenne car notre Humanitémême en est l'enjeu.
Quand avec un couple d'amis mauriennais, nous sommes arrivés à cette réunion, nous avons plutôt été surpris de n'y trouver qu'une petite vingtaine de personnes. Mais comme nous avions croisé Daniel Ibanez à l'entrée, je savais que cela allait quand-même être une bonne soirée.
Tout d'abord un petit apéro pendant lequel je discute avec Daniel. Il me fait une jolie dédicace de son livre "Trafics en tous genre".
Ensuite devant une salle qui commence à se remplir, un monsieur un peu âgé du collectif NO-TAV SAVOIE nous retrace l'historique du mouvement et celle du projet de la ligne Lyon-Turin.
Durant cet exposé beaucoup de chiffres un peu difficiles à mémoriser sont présentés mais comme les choses sont bien faites, beaucoup de documents et tracts sont aussi à notre disposition.
Un jeune homme nous explique, ensuite, les motivations de la lutte savoyarde ou plutôt leur carence quand on compare la mobilisation ici à celle du coté du Val de Suse.
Pour clore la réunion, la partie " questions & échanges" est animée, les témoignages intéressants, les vécus riches et passionnés.
Cette très bonne soirée au final m'a donné envie de me rendre le samedi 7 mars dès 10 heures à St Michel-de-Maurienne (Rond point de l'ex-Métaltemple)pour une journée d'information sur ces percements de tunnels qui n'apporteraient qu'un peu plus de misère et de désolation dans une vallée déjà bien laminée.