5 décembre 2016

Lanceuse d'alerte - Salon du livre - Irène FRACHON

Être en avance n'est pas dans mes habitudes, pourtant comme le pote protestant qui m’hébergeait à Paris voulait aller prier ce matin du dimanche 27 novembre 2016, je suis arrivé bien en avance au salon du Livre des Lanceurs d'Alertes organisé par mon ami Daniel Ibanez.
Un soleil froid sur Paris.
Je m'assois d'abord sur un banc pour discuter un peu avec un mec pensif et fatigué sur l'esplanade Roger Linet.


Avec seulement le jus de légume de mon pote crudivore dans le ventre, je n'ai pas spécialement envie de perdre mon temps à philosopher avec quelqu'un qui reste de marbre.

Pour faire court, je lui demande s'il ne se les caille pas trop, à poil comme ça, parce que moi, même avec ma doudoune et ma polaire grenobloise (fabriquée en Chine) je me les gèle grave.
Comme il ne me répond toujours pas, je quitte le gars et rentre dans un café qui s'appelle " le Fidèle ".

Le kawa y est bon. 

En le savourant,  j'observe discrètement et longtemps ce jeune homme au teint livide que deux autres personnes interviewent. Il n'a pas l'air d'aller très bien, angoissé,  presque dispersé.  

Dans mon dos, une cloison légère me sépare de trois types qui discutent d'un des versets du Coran.

J'ai envie de fumer. 

Tandis que je règle mon café au comptoir, je remarque deux pieds nus qui jouent de manière assez sexy avec le cuir de mocassins bruns. (Je pense être un peu fétichiste des pieds féminins).

Une femme blonde me tourne le dos, elle est entourée de deux gars. En arrivant à son niveau, je la reconnais, c'est Irène Frachon.

Intimidé, j'ose :  
    -  « Madame Frachon ? »
    -  « Oui ? » me répond-elle.
   -  « Je suis désolé de vous déranger en pleine discussion, mais puis-je juste vous dire un mot, un seul  ? »
        Elle sourit. 
Assez penaud, je risque un  « Merci, Madame ! »



Quand je sors, un pigeon est en train de chier sur la tête du jeune roi qui bientôt deviendra un travailleur épuisé.


Quelques heures plus tard, je croise à nouveau Irène Frachon dans la grande salle du festival..  

Elle ressemble à un ange, à un être de lumière.
 
Elle me parle de Big Pharma et de sa lutte contre les laboratoires SERVIER.
Je lui raconte ma première hospitalisation, ma souffrance jeune homme quand j'ai du prendre de force  tous ces neuroleptiques, et comment la médication psychiatrique a gâché ce qui aurait dû être les plus belles années de ma vie. 

Je comprends maintenant que c'est pour me remonter le moral qu'elle me montre sur son smartphone, une vidéo de ses enfants qui comme dans le film d'Emmanuel Bercot, la Fille de Brest font de la musique en famille. 

Irène est une belle personne, une très belle personne. 

22 novembre 2016

Le moteur à explosion: Culte d'un autre siècle

Outre le fait qu'elle soit le moyen de transport le plus meurtrier,  la bagnole et le développement urbain à l'américaine qu'elle a entraîné ont largement contribué à enlaidir et à polluer la France.

Mon père, qui roulait beaucoup parce qu'il était représentant, aimait nous faire visiter l'hexagone et une partie de l'Europe. Il nous trimbalait  sur les routes.
Je me rappelle que nos discussions, rares échanges avec Papa, devenaient quasi philosophiques, ces nuits où il devenait une simple oreille parce qu'à part un bout de ses bras sur le volant, je ne voyais rien d'autre de lui. Ces moments privilégiés quand le reste de la famille dormait, juste avant le petit déjeuner à l'aube, dans un " Routier " de sa connaissance étaient chouettes mais c'était, il y a longtemps !

Mais je me souviens aussi de ma petites sœur qui vomissait souvent et de la fumée de cigarettes brunes dans le confinement de l'habitacle. Les voyages étaient longs et fatigants

                                                                                  ... " Dis Papa, c'est encore loin la mer ? "


Plus tard, à mon tour, le métier m'amena à parcourir les routes de France. La voiture était un simple outil.


Paul Arzens en parlait même comme d'un vulgaire " instrument ménager ".


  1968 - Paul Arzens et les véhicules électriques from phase3 on Vimeo.


Si, comme évoqué dans cette vieille vidéo, elle confère, toujours, à certains un aura de virilité et de puissance, les déplacements urbains ne lui sont plus adaptés.





Il est temps de repenser nos déplacements.

7 novembre 2016

Merciiiiii !

 J'ai eu tellement de périodes de solitudes et de doutes dans ma vie psychique, qu'il n'y a pas à dire, vous m'avez tous bien réchauffé l'âme, le soir du vernissage.

Merci à vous !


Si Judith n'avait pas toujours été là pour me soutenir (et m'engueuler parfois aussi) je ne pourrais pas écrire ces quelques lignes aujourd'hui. Pourquoi ? Parce que j'aurais, à coup sûr, réussi à appliquer ce cher principe l'éphémérité à ma propre existence. Merci à elle.
D'autres n'ont pas eu ma chancemerci à eux, aussi.

Merci également à Mohamed Aouine pour son article le 8 octobre dans le Dauphiné Libéré.


Maintenant, je vais réellement recommencer à peindre.

1 novembre 2016

“ Most Young Kings Get Their Heads Cut Off ”

" La plupart des jeunes rois auront la tête coupée. " Jean-Michel Basquiat 


En 1991, je tentais de reprendre mes études à l'école des Beaux-Arts de Grenoble. J'ai eu la chance d'y rencontrer ce grand mec rigolo et dynamique. Je crois me rappeler qu'il suivait plus où moins les cours en 5ème année, alors que je tentais de valider un premier cycle que j'avais dû abandonner en 1985 pour cause d' hospitalisation. Je ne suivais que très peu les cours. J'étais plus occuper à peindre dans une des salles de l'école que j'avais assez sauvagement investie. Les autres élèves se plaignaient de ma présence et du raffut que je faisais. Je produisais, avec rage, quelques toiles.
Depuis, elles ont dû être détruites :



Parmi les rares personnes qui appréciaient mon travail, il y avait ce black costaud grand fan de peinture new-yorkaise avec qui j'aimais discuter peinture et écouter de la musique. Il était très enthousiaste vis à vis de mon travail. Un soir, il m'a donné 2 feuilles sur lesquelles, d'une écriture, belle mais raturée, était calligraphié le texte suivant :

« Un jour que je faisais le tour des salles de l’école des Beaux-arts de Grenoble, je fus saisi par le travail de Pierre-Louis, alias phase III. L'intéressant, dans cet espace est l'impression que tout fait partie de son œuvre. Je trouve une certaine rythmique du corps, une simplicité qui est traduite en « body language » par lui. Rappeur d’aujourd’hui, phase3 est un tagueur, un vrai. Son travail est de l’ordre de la performance. Il fait du direct, du live, de l’ordre du Straight Language. phase3 invite le spectateur à la danse, au mime dans l’espace, avec une certaine dose d’humour. L’humour qu’a l'ego triomphant, comme dans l’œuvre de Jean-Michel Basquiat. Dans son travail réside une certaine pureté, modestie. C’est peut-être là qu’est la force intérieure de son corps blanc ouvert ».

Excuser du peu, de la prétention du peu ! Ce soir là, pour le remercier, je l'invitai à boire un verre ou deux dans un bistro proche de l'école. Comme à l'époque, j'avais pu emprunter le caméscope de papa, il en subsiste cette vidéo :



Oui, la Plupart des jeunes Rois auront la Tête Coupée. 

Peu de temps après, n'arrivant pas à me décrocher des psychiatres auxquels mes chers parents m'avaient confié, je suis retombé malade tandis que Pacôme, lui, montait à Paris.



La crainte d'être expulsé l'a contraint à peindre dans la rue, l'alcool aussi. Il est devenu SDF en 1998.



Exténué et dépossédé de son œuvre, il est mort le 16 octobre 2003, à 38 ans, en phase terminale d'un cancer généralisé. Sa côte flambait alors sur le marché de l'art.

Quand, plus tard, j'ai appris son décès, j'ai collé les 2 feuilles du texte qu'il m'avait donné sur des feuilles format raisin goudronnées puis je les ai massacrées.


Visible actuellement à l'exposition de l'ATYPIK? 10 place Edmond Arnaud à Grenoble


R.I.P. man !


Voici quelques unes des dernières œuvres de Pacôme :







Sources :